Pays-Bas : victoire en trompe l’oeil pour l’extrême droite

Le PVV (Parti pour la liberté) a obtenu 17 % des voix aux élections européennes, juste derrière les chrétiens-démocrates (19,9 %). Classé à l’extrême droite, le parti de Geert Wilders n’a en réalité qu’un cheval de bataille : l’immigration. Wilders étant lui-même marié à une Hongroise, il a beau jeu de clamer qu’il n’est pas xénophobe. Son obsession, c’est l’islam. Pourtant, ce qui ressemble à un séisme électoral n’en est peut-être pas un. Pour plusieurs raisons.

1. Ces résultats ne sont pas nécessairement transposables aux législatives. Le scrutin européen étant perçu comme sans enjeu par beaucoup d’électeurs, la consultation s’est transformée en exutoire pour tout ce que le pays compte de mécontents. D’autant que certains journaux populistes soufflent sur les braises en assimilant immigration et criminalité. Une semaine avant le vote, le grand quotidien De Telegraaf titrait : « Rotterdam : les Marocains en tête de la délinquance. » Voilà pourquoi le PVV est passé devant le parti socialiste PVDA du vice-premier ministre Wouter Bos (12,1 %), alors que celui-ci a fait un sans-faute depuis le début de la crise, à l’automne 2008…

2. Le taux de participation (36,5 %) est très bas et l’on sait bien que moins il y a de votants, plus le vote protestataire est surreprésenté.

3. Le mode de scrutin aux Pays-Bas est la proportionnelle intégrale. Aucun parti ne peut obtenir la majorité absolue au Parlement et gouverner seul. Même si le PVV obtenait de nouveau 17 %, et même davantage, aux prochaines législatives, il lui faudrait prendre part à une coalition, donc faire des compromis. Pas question d’appliquer ses propositions les plus extrémistes : bannir le Coran, interdire l’entrée du pays aux musulmans, abolir l’euro, voire quitter l’Union européenne. Et comme il n’a pas d’autre programme…