L’après-11 Septembre est terminé

Haaretz Quotidien, Israël

JOSEPHINE-DEDET_2024

Publié le 16 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

Même si Barack Obama ne tenait qu’une partie des promesses qu’il a faites lors de son discours fondateur du Caire, le 4 juin 2009 restera dans l’Histoire comme le dernier jour de l’après-11 Septembre. Au choc des civilisations va succéder le dialogue des cultures. Au lieu d’un conflit israélo-palestinien marginalisé par la lutte contre le djihadisme, il y aura un État palestinien établi dans les frontières de 1967 après des concessions territoriales approuvées par les deux parties, et des relations normalisées entre Israël et les pays arabes. L’équilibre de la terreur nucléaire entre l’Iran et Israël aura cessé, et ces deux États seront signataires du Traité de non-prolifération (TNP).

Le discours d’Obama n’était pas une litanie de formules creuses. Devant le monde entier, il s’est engagé à régler toute une série de problèmes, en fixant pour chacun une date butoir. Ces dernières semaines, lors de leurs séances de travail, ses collaborateurs et lui ont décidé que novembre 2010 (date des prochaines élections au Congrès) serait l’échéance idéale pour parvenir à la solution des deux États. […] D’ici là, nous saurons de qui Benyamin Netanyahou a le plus peur : du président des États-Unis ou de celui du Conseil des colons, de Benny Begin ou de Tzipi Livni.

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Le discours du Caire a suscité de nombreux points d’interrogation mais aussi… d’exclamation. L’ère d’une relation trilatérale déséquilibrée entre les États-Unis, Israël et les pays arabes est en train de céder la place à un triangle équilatéral. Obama a quitté l’Égypte avec deux tables de la loi : l’une pour les juifs, l’autre pour les musulmans. Il n’a pas laissé place au moindre doute : un État israélien qui continuerait à discriminer les Palestiniens, à les empêcher d’exercer leurs droits à l’autodétermination et à les priver de leur liberté de mouvement ne peut compter sur le soutien des États-Unis.

C’est difficile à croire, mais Obama a tout bonnement oublié de prononcer les mots : « État juif ». Il estime qu’il incombe à l’État d’Israël – et à lui seul – de définir sa propre nature. Le président américain a mis sur le même plan, d’une part, les actes de violence perpétrés contre Israël et, d’autre part, la colonisation et les humiliations subies par les Palestiniens. Il a évoqué, dans un même souffle, la lutte des Palestiniens qui ont perdu leurs maisons il y a plus de soixante ans et le combat des esclaves d’origine africaine aux États-Unis. Les Israéliens se sont retrouvés cités dans la phrase où il est question de l’apartheid sud-africain.

Ayant accordé quelques semaines à Israël pour définir sa politique, Obama ne pouvait présenter un plan détaillé pour aboutir à la solution des deux États. Pourtant, les deux documents qu’il a mentionnés (la Feuille de route et l’Initiative arabe pour la paix) fixent un cadre de négociation. Ce n’est pas non plus un hasard si le président américain a oublié de mentionner la « croissance naturelle » des colonies. Il a laissé entendre que si Israël acceptait la solution des deux États, la plupart des colonies appartiendraient de toute façon au passé.

Le 4 juin, Obama a placé Israël devant le choix suivant : ou bien son gouvernement conservateur s’aligne sur le choix du peuple américain, qui a élu un président de gauche, ou bien le discours du Caire aura été l’éclair qui précède le tonnerre.

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