Jacques Scharbook, toujours sans sa fille

Bien que la justice algérienne ait tranché en sa faveur, le papa de la petite Sophie attend toujours qu’on lui rende son enfant, placée aujourd’hui dans une institution spécialisée.

Publié le 16 juin 2009 Lecture : 3 minutes.

Au commencement, il y avait une histoire d’amour entre Jacques Scharbook, un Français originaire du Var, 56 ans aujourd’hui, représentant de Renault en Algérie, et une Algérienne d’Oran, Farah Belhoucine, la trentaine. Divorcée de son premier mari cinq mois plus tôt, la jeune femme aspire à fonder un nouveau foyer avec Jacques, veuf depuis 1997. Le mariage est célébré en Algérie selon la tradition musulmane en mars 2001, avant que l’union civile ne soit scellée à la mairie de La Seyne-sur-Mer, dans le Var, en septembre de la même année. Quatre mois plus tard, le 10 décembre, Sophie voit le jour. Entre le couple, qui partage sa vie entre l’Algérie et la France, et la belle famille de Jacques, tout allait bien, jusqu’au 25 mars 2005. Ce jour-là, Farah trouve la mort dans un accident de voiture sur la route menant à Oran.

Pendant les dix jours qui suivent la disparition de la jeune femme, le père et la belle-famille algérienne se partagent la garde de l’enfant. Mais, soupçonnant son gendre de vouloir s’installer en France avec Sophie, la belle-mère annonce à Jacques Scharbook qu’il ne pourra plus récupérer sa fille. Et l’autorise seulement à la voir pendant une ou deux heures la journée. Pour faire valoir son droit sur l’enfant, la belle-famille porte l’affaire devant les tribunaux algériens. Mais le 28 juin 2005, elle est déboutée par le tribunal d’Oran, qui confie la garde de l’enfant au père. Le 8 mars 2006, la cour d’Oran confirme le premier jugement. L’affaire atterrit alors devant la Cour suprême d’Alger. Le 13 février 2008, celle-ci statue définitivement en faveur de Jacques Scharbook.

la suite après cette publicité

Dossier réglé ? Pas du tout. Devant le refus de la belle-famille de lui restituer sa fille, le père plaide sa cause auprès des autorités françaises. Respectivement en visite en Algérie en mai puis en juin 2008, la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, et le Premier ministre, François Fillon, évoquent l’affaire avec leurs homologues algériens. Ces derniers prêtent une oreille compréhensive. En juillet 2008, l’Élysée dépêche même à Alger un émissaire, Abderrahmane Dahmane, accompagné de Jacques Scharbook, pour rencontrer le patron de la Sûreté nationale, Ali Tounsi. Ce dernier avait reçu des instructions pour retrouver la trace de la petite Sophie. Les mois passent, sans que le dossier ne bouge. Si bien qu’en décembre 2008 Nicolas Sarkozy reçoit Jacques Scharbook à l’Élysée. « Je connais cette affaire, lui dit le chef de l’État français. J’ai écrit deux fois au président algérien. Je vais m’en occuper personnellement… » 

Que fait Alger ?

En Algérie, l’enquête se poursuit en toute discrétion. Le 15 mars 2009, une brigade spécialement dépêchée d’Alger met la main sur l’enfant au domicile de la belle-mère, à Oran. Après que la police eut vérifié son identité via un test ADN, Sophie est placée dans un établissement spécialisé. Quatre jours plus tard, Nicolas Sarkozy téléphone au ministre algérien de l’Intérieur, Yazid Zerhouni, pour s’enquérir de la situation. En raison d’un détail technique, lui répond Zerhouni, la petite fille sera rendue à son père dans un délai de trois semaines. Visiblement, les autorités algériennes veulent éviter toute interférence avec la campagne présidentielle.

Mais le scrutin passé, le drame familial prend les allures d’une affaire d’État qui plane comme une ombre sur les relations algéro-françaises. Pendant ce temps, la petite Sophie, qui n’a jamais été scolarisée, est toujours éloignée de ses proches, son père continue de la réclamer, la belle-famille, ajoutant à l’imbroglio, exige désormais des tests de paternité, soutenant que le véritable géniteur est un Algérien, en l’occurrence l’ex-mari de Farah Belhoucine.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

La rédaction vous recommande

Affaire Sophie Scharbook: Paris réclame le retour de l’enfant

Contenus partenaires