Diplomatie souterraine : le démineur de crises

Publié le 15 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

Doyen des chefs d’État africains, Omar Bongo Ondimba s’est employé à jouer le rôle de pacificateur de la famille, dévolu à l’aîné dans la pure tradition africaine. S’il a fait ses premiers pas au pouvoir en prenant fait et cause, en 1968, pour la province nigériane du Biafra, en pleine insurrection contre le pouvoir central de Lagos, il a fini par afficher cette neutralité indispensable au rôle de médiateur. Après avoir accueilli à Libreville, en août 1977, le sommet de l’OUA, qui l’a désigné président en exercice de l’organisation continentale pour un an, Omar Bongo a été nommé président du comité ad hoc chargé de résoudre le conflit Tchad-Libye. Il n’a plus cessé de s’investir pour trouver une issue pacifique aux nombreux conflits qui se sont succédé en Afrique.

Considéré comme l’un des « sages » du continent, il s’est attaqué à une autre plaie de l’Afrique : la guerre civile qui a éclaté, dès l’indépendance de l’Angola en 1975, entre le pouvoir de Luanda et la rébellion de Jonas Savimbi. Le sommet de Franceville du 1er octobre 1988 (réunissant les présidents angolais José Eduardo dos Santos et congolais Denis Sassou Nguesso) a constitué un tournant décisif, dos Santos ayant accepté pour la première fois de discuter directement avec Savimbi.

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Omar Bongo n’a pas non plus ménagé ses efforts pour dénoncer la politique ségrégationniste du régime sud-africain sous l’apartheid. Afin de lui exprimer sa gratitude, Nelson Mandela, qui lui avait réservé sa première visite africaine après sa libération, a choisi de se rendre à Libreville, en compagnie de Miriam Makeba, lors du premier anniversaire de sa sortie de prison, le 11 février 1991.

Au cours des années 1990, une ouverture démocratique mal maîtrisée a dégénéré en guerres civiles dans nombre de pays africains, justifiant plus encore les interventions de celui qui est devenu doyen des chefs d’État africains au lendemain de la disparition de Félix Houphouët-Boigny, en décembre 1993. De la crise ivoirienne au contentieux post-électoral malgache, en passant par le conflit entre le président tchadien Idriss Déby Itno du Tchad et son homologue soudanais Omar el-Béchir, le président gabonais est sur les photos de toutes les cérémonies de signature d’accords de paix.

Il s’est aussi et surtout investi dans une Afrique centrale secouée, où son pays est demeuré l’un des rares îlots de stabilité. Président du Comité international de médiation sur la crise congolaise, Omar Bongo a œuvré pour juguler les violences qui ont secoué le Congo-Brazzaville en 1993, 1997 et 1999. Quand le Zaïre voisin a sombré dans la guerre à partir de 1997, il a multiplié les initiatives, d’abord à titre personnel, puis, à partir de novembre 2000, en qualité de président du Comité de suivi institué par la CEEAC. En Centrafrique, il a réussi à faire signer, en février 2008, un « Pacte de réconciliation nationale » à toutes les factions qui s’entre-déchiraient depuis plusieurs années. Omar Bongo va manquer à une Afrique centrale tourmentée. Signe révélateur de son influence, alors qu’il agonisait dans une clinique de Barcelone, les combats ont repris entre le pouvoir centrafricain et les rebelles d’Abdoulaye Miskine.

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