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Choisi par Jacques Foccart avec la bénédiction du général de Gaulle, Omar Bongo Ondimba aura été l’allié successif des six présidents de la Ve République.
Le plus petit et beaucoup moins peuplé – un demi-million d’habitants – des territoires de la fédération d’Afrique-Équatoriale française retenait l’attention par la richesse exceptionnelle de son sous-sol : pétrole, manganèse, fer, uranium… sans parler de sa forêt. Faut-il chercher ailleurs l’intérêt qu’afficha la puissance coloniale au déroulement de la décolonisation ? Toujours est-il que le Monsieur Afrique des présidents Charles de Gaulle et Georges Pompidou, Jacques Foccart, y veilla avec une singulière attention.
Léon Mba, premier président du Gabon, francophile au point d’avoir pris position pour la transformation de son pays en département français, avait été renversé, dans la nuit du 18 au 19 février 1964, par des militaires qui avaient porté au pouvoir son adversaire depuis l’époque coloniale, Jean-Hilaire Aubame. L’ex-colonisateur, qui n’était pas intervenu jusque-là dans les affaires du pays, avait réagi vigoureusement. En quelques heures, un commando de parachutistes français avait restauré Léon Mba, qu’on s’était ensuite employé à consolider, notamment en mettant à sa disposition, comme conseiller politique, un homme des services secrets, Guy Ponsaillé.
Mais, un an plus tard, on apprit que le président, âgé de 63 ans, était atteint d’un cancer. Il fallut penser à sa succession. Foccart s’en entretint avec lui. Ensemble, ils évoquèrent les politiciens et hauts fonctionnaires auxquels on pouvait penser, pour les éliminer tous. Tous, à l’exception du jeune directeur de cabinet de Mba, Albert Bernard Bongo, « qui n’avait pas une grande formation, mais qui avait de la personnalité, du courage et de la volonté », tel que le dépeignait alors Jacques Foccart*, et dont Mba avait remarqué qu’il était le seul de ses collaborateurs à lui tenir tête.
De Gaulle examinateur
Il s’agissait alors d’assurer la succession en parant aux risques qu’eût comportés une élection et, à cette fin, de réviser la Constitution. Ainsi fut fait, mais encore convenait-il, pour conduire la manœuvre, de remplacer l’ambassadeur de France à Libreville, qui était un diplomate de carrière classique, par quelqu’un qui n’hésiterait pas à intervenir. Ce fut un ancien administrateur de la France d’outre-mer, de l’équipe Foccart, Maurice Delauney.
Avant d’adouber Bongo, Mba voulut le tester. Ce qu’il fit en lui confiant une mission auprès du général de Gaulle… qui entra dans le jeu et tint le rôle de l’examinateur. Là-dessus, le futur président occupa d’abord le poste nouveau de ministre chargé de la Défense et de la Coordination (en fait, chef du gouvernement), et commença à placer ses hommes, notamment Georges Rawiri et Léon Mébiane, nommés ministres d’État, et le premier, cumulativement, ambassadeur à Paris. Enfin, après la révision de la Constitution, Albert Bernard Bongo devint vice-président de la République et dauphin officiel. C’était en avril 1967. Mba était alors hospitalisé à Paris depuis huit mois ; il avait été réélu le 19 mars.
Léon Mba mourut le 28 novembre 1967 à Paris. Il fut inhumé au Gabon le 4 décembre. Albert Bernard Bongo présida les funérailles après avoir prêté serment en qualité de chef de l’État deux jours auparavant à l’ambassade à Paris. Converti à l’islam en octobre 1973, c’est sous le nom d’Omar Bongo Ondimba qu’il sera réélu dans le cadre d’élections pluralistes à partir de 1993, et toujours au premier tour de scrutin.
* Journal de l’Elysée, I, Tous les soirs avec de Gaulle, de Jacques Foccart, éd. Fayard-Jeune Afrique, p. 109.
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