Les orphelins de Bongo

Publié le 15 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

À l’instar du chef de l’État congolais, Denis Sassou Nguesso, qui a déclaré qu’il « pleure un ami et un frère », beaucoup de ses homologues – africains ou non – sont orphelins après la disparition d’Omar Bongo Ondimba. Du Burkinabè Blaise Compaoré au Libyen Mouammar Kadhafi, du Centrafricain François Bozizé au Tchadien Idriss Déby Itno, du Zimbabwéen Robert Mugabe au Togolais Faure Gnassingbé… tous vont ressentir la perte de celui qu’ils appelaient « le doyen ». Parmi ses pairs du continent, Bongo avait certes ses rivaux, mais aussi et surtout ses chouchous et ses protégés. Parmi lesquels le tonitruant président gambien, Yahya Jammeh, qui lui fournissait régulièrement des noix de cola qu’il aimait croquer ; le roi du Maroc, Mohammed VI, qu’il appelait « mon neveu » en raison de ses relations anciennes avec la famille régnante du royaume chérifien ; et l’Éthiopien Mélès Zenawi, dans le plat duquel il consentait à manger pour se conformer à la tradition abyssine…

Mais le président gabonais ne va pas manquer seulement à des chefs d’État en exercice. Certains parmi ceux qui ont perdu le pouvoir ont pu garder son amitié : le Sénégalais Abdou Diouf, le Mozambicain Joaquim Chissano, le Malien Alpha Oumar Konaré, le Béninois Émile Derlin Zinsou, le Ghanéen John Kufuor, le Comorien Assoumani Azali…

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Tout comme il entretenait de bons rapports avec des opposants, qui avaient leurs entrées au Palais du bord de mer, à Libreville : les Guinéens Alpha Condé et François Fall ; les Sénégalais Moustapha Niasse, Amath Dansokho et Landing Savané ; les Ivoiriens Alassane Ouattara et Guillaume Soro ; les Maliens Ibrahim Boubacar Keïta et Mountaga Tall ; le Congolais Jean-Pierre Bemba ; le Béninois Adrien Houngbédji… D’autres personnalités politiques d’origines diverses vont pleurer le défunt qui les avait prises en affection : le Congolais Édouard Mokolo, ancien ministre des Affaires étrangères de Mobutu devenu vice-président du Sénat ; le Burkinabè Youssouf Ouédraogo, ancien ministre des Affaires étrangères aujourd’hui conseiller spécial de Donald Kaberuka à la BAD ; le médiateur des Nations unies et de l’UA au Darfour, le Burkinabè Djibril Bassolé (franc-maçon comme lui) ; la patronne de la diplomatie nigérienne, Aïchatou Mindaoudou (qu’il a réconciliée avec le Maroc, où on la trouvait trop pro-algérienne) ; les ex-ministres centrafricains Jean-Paul Ngoupandé et Karim Meckassoua ; le Sénégalais Falilou Diallo, Monsieur Afrique d’Abdoulaye Wade ; l’historien et écrivain congolais Elikia M’Bokolo…

Les familles des défunts Hamani Diori, Thomas Sankara, Jean-Bedel Bokassa, Félix Houphouët-Boigny, Nino Vieira… ont perdu leur tuteur. En dehors de la sphère politique, Bongo avait sous son aile protectrice le Béninois Abdoulaye Bio Tchané, dont il a appuyé la progression au sein du FMI, le Malien Soumaïla Cissé, patron de l’UEMOA, auquel il prédisait un grand destin…

En dehors de l’Afrique, le défunt président gabonais va manquer au roi d’Espagne, Juan Carlos, qui, en signe d’amitié, buvait toujours, lors des repas, dans le verre servi à Bongo et lui donnait le sien. En France, des dizaines de responsables politiques, capitaines d’industrie, journalistes… vont ressentir sa disparition. La liste de ses relations dans l’Hexagone est longue : Bernadette et Jacques Chirac bien sûr, mais aussi Dominique de Villepin, Martin Bouygues, Michel Roussin, Robert Bourgi, Hervé Bourges, Catherine Tasca, Charles Pasqua, Roland Dumas et bien d’autres.

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