En forme d’épitaphe…

ProfilAuteur_BBY

Publié le 15 juin 2009 Lecture : 3 minutes.

Les initiés savaient depuis plusieurs mois qu’Omar Bongo Ondimba déclinait, que ses forces physiques et mentales le quittaient et qu’il se rapprochait donc de la fin de son parcours.

Il s’est éteint, le 8 juin, dans une clinique espagnole, et sa dépouille a rejoint sa terre natale.

la suite après cette publicité

Dieu ait son âme.

Cet homme a régné sur son pays pendant près de quarante-deux ans ; il a joué un grand rôle, en général positif, en Afrique centrale et même au-delà. Avec Houphouët, puis après lui, il a été, au sein de ce qu’on a appelé « la Françafrique », l’interlocuteur privilégié des présidents français, plus particulièrement ceux d’entre eux qui se réclamaient du gaullisme et de l’héritage de Jacques Foccart (voir pp. 18-41 l’ensemble d’informations et d’analyses que Jeune Afrique lui consacre).

L’annonce de sa mort a déclenché une avalanche de jugements où se mêlent la louange et le blâme. Avant de formuler le mien – que je vous dois –, je rappelle que j’appartiens :

• à une culture où l’on se retient de dire du mal de quelqu’un qu’on vient de mettre en terre ;

la suite après cette publicité

• et, simultanément, à un métier dont la règle d’or est de se tenir le plus loin possible des louanges de circonstance pour se rapprocher, autant que faire se peut, de la vérité.

À l’Africain que je suis, le destin exceptionnel d’Omar Bongo Ondimba inspire ceci que je livre en forme d’épitaphe : 

la suite après cette publicité

1) Omar Bongo n’a pas été un tyran et ne fait pas partie de ces dirigeants malfaisants dont les dérapages et les crimes ont dévasté bien des pays africains, les ramenant vers les âges obscurs de l’humanité.

Les crimes politiques commis sous son long règne, dont celui du regretté Germain Mba, ont été très peu nombreux.

Son grand mérite aura même été de préserver son pays, plus de quarante ans durant, des guerres civiles ou de voisinage, des coups d’État.

Passez en revue l’histoire de l’Afrique tout entière depuis 1956 : vous verrez que, parmi la cinquantaine de pays qui la composent, ils sont peu nombreux ceux qui, comme le Gabon d’Omar Bongo, ont traversé le demi-siècle dans la paix et une relative sécurité.

Là est, sans aucun doute, le plus grand mérite d’Omar Bongo.

2) On a comparé le Gabon à un émirat et il en a les apparences : petit par la taille et la population, ce pays a été doté par la nature, comme les émirats arabes, d’un sous-sol riche en pétrole et en minerais rares, donc de prix élevés.

Mais l’énorme masse d’argent que l’extraction de ces fabuleuses richesses a donnée à l’émirat Gabon n’a malheureusement pas été utilisée, sauf en trop petite partie, pour améliorer le sort des Gabonais et moderniser leur pays.

Le gouvernement de la République gabonaise est à l’aise et paye ses fonctionnaires, sa nomenklatura vit bien et certains de ses membres se sont beaucoup enrichis. Mais les infrastructures du pays sont déficientes et le parc de logements n’a pas suivi l’évolution de la population.

Quant aux systèmes éducatif et de santé, ils sont restés au niveau de ceux des pays sous-développés.

3) Omar Bongo Ondimba a survécu plus de quinze ans à Houphouët, mais il ne semble pas avoir tiré la leçon qu’il aurait dû tirer du mauvais héritage laissé par le leader ivoirien.

En dépit ou à cause de son exceptionnelle longévité politique, Omar Bongo est parti, lui aussi, sans avoir le moins du monde préparé sa succession. Il laisse donc un pays orphelin, désemparé et dans l’incertitude quant à son avenir.

Mais n’est-ce pas là une situation commune à tous les présidents qui veulent se maintenir au pouvoir jusqu’à leur mort ? Ils se comportent en monarques, oubliant que les monarchies, elles, ont une règle de succession établie et, en général, respectée.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires