Luis Cabral

Le premier président de Guinée-Bissau s’est éteint le 30 mai à Lisbonne.

ProfilAuteur_PierreFrancoisNaude

Publié le 9 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

Lisbonne, le 30 mai, Luís Cabral s’est éteint d’un arrêt cardiaque consécutif à une longue maladie. Âgé de 78 ans, le premier président de la Guinée-Bissau indépendante aura survécu trois mois à son ennemi juré, l’ex-président João Bernardo Vieira. Assassiné par des militaires le 2 mars dernier, « Nino » l’avait en effet évincé du pouvoir par un coup d’État, le 14 novembre 1980. Arrêté durant six mois et libéré grâce à des pressions cubaines, Luís Cabral fut contraint à l’exil, d’abord à La Havane, puis à Lisbonne, où il vivait depuis 1984.

Jusqu’en 1980, le parcours de ce comptable de formation est inséparable de celui de son jeune pays. En 1956, aux côtés de son frère aîné Amílcar, le « père des indépendances » bissau-guinéenne et cap-verdienne, il participe à la création du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), puis en 1961 à celle de l’Union générale des travailleurs de Guinée. En 1963, lors du déclenchement de la guerre de libération contre le Portugal, il devient membre du Comité exécutif de la lutte, avant d’en être élu secrétaire permanent en 1971, en charge du front Nord. La même année, il est élu député de Bissau à l’Assemblée nationale populaire mise en place pour les « zones libérées ».

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Aussi, en 1973, lorsque son frère Amílcar est assassiné à Conakry par un groupe de militaires guinéens du PAIGC peu favorables à l’élite cap-verdienne du parti, Luís Cabral a acquis suffisamment de légitimité pour lui succéder. Il est élu à la fois secrétaire général adjoint du parti et président du Conseil d’État de Guinée-Bissau. Et devient le chef de l’État à l’indépendance du pays, le 24 septembre 1973.

Il s’applique alors à développer une politique volontariste et centralisée d’inspiration marxiste, en coopération avec l’URSS et les autres pays de la mouvance socialiste. Mais, en 1978, son programme « produire et consommer local », interdisant notamment l’importation de riz, suscite des pénuries alimentaires et provoque un mécontentement social qui ouvre la voie à son renversement par Nino. Le projet d’union du Cap-Vert et de la Guinée-Bissau est alors définitivement enterré. Inhumé le 2 juin à Lisbonne, Luís Cabral n’avait revu son pays natal qu’une seule fois depuis le début de son exil, durant quelques jours, en novembre 1999. Son corps sera rapatrié à Bissau « dès que les conditions seront réunies », a déclaré sa veuve, Josefina.

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