La cigale et la fourmi

« Quand on dispose de peu de moyens, il faut se retrousser les manches, travailler plus dur que les autres et savoir anticiper. Et c’est ce que nous faisons », m’expliquait, il y a peu, un ami burkinabè, ancien baron du régime parti vivre sous d’autres cieux africains. De tous les pays d’Afrique de l’Ouest, le Burkina est, sans aucun doute, celui qui tire le meilleur parti de son potentiel. Parce qu’on n’y change pas d’avis comme de chemise, parce que un franc CFA est un franc CFA et que le gaspillage n’est pas un sport national, parce qu’on préfère les fourmis aux cigales.

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Publié le 9 juin 2009 Lecture : 1 minute.

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Les Hommes intègres sont surtout de grands travailleurs, qui aiment agir plutôt que parler. Autant de qualités qui expliquent largement l’image positive dont bénéficie le pays, bien supérieure, en tout cas, à ce que le legs initial de Dame Nature pouvait laisser présager. Même les voisins profitent de ces talents. Que serait l’agriculture ivoirienne, par exemple, sans l’apport des travailleurs venus du Burkina ?

Contrée atypique, donc, que ce Burkina, dirigé depuis plus de vingt et un ans par Blaise Compaoré. À l’instar de ses compatriotes, cet ancien para­chutiste aime la stratégie et l’action, pas les longs discours. À seulement 58 ans, il a connu de multiples vies : révolutionnaire, « rectificateur », homme d’extrême gauche converti aux vertus du libéralisme, jeune capitaine puis chef d’État. Il revêt aujourd’hui les habits neufs de l’homme de paix après ceux, moins seyants, de déstabilisateur, de trublion et de boutefeux. Le sulfureux Compaoré, celui qui abritait les opposants de la sous-région, était accusé de soutenir Jonas Savimbi ou Charles Taylor, de vouloir faire tomber Gnassingbé Eyadéma, Laurent Gbagbo ou Maaouiya Ould Taya, a cédé la place à un homme en quête de respectabilité et de reconnaissance internationale.

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En revanche, il demeure ce chef d’État qui connaît chaque recoin de son pays. Le Burkina d’en haut comme celui d’en bas, les indicateurs macro­économiques comme le cours du sac de riz n’ont pas de secrets pour lui. Il ne peut donc pas ignorer que ses compatriotes souffrent. Le vent de la vie chère s’est abattu sur le Burkina comme un nuage de sauterelles sur une plantation. Les mouvements sociaux se multiplient, la grogne monte. Et aujourd’hui, il est difficile de demander aux Burkinabè de travailler plus… Même les fourmis ont leurs limites.

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