Unesco, neuf pour un siège
Les candidats à la succession du Japonais Koïchiro Matsuura à la tête de l’organisation sont désormais connus. Parmi eux, quatre femmes et quatre Africains.
Le 31 mai, les candidats à la succession du Japonais Koïchiro Matsuura, directeur général depuis 1999, étaient censés avoir adressé leurs dossiers au siège de l’Unesco, à Paris. Mais le secrétariat de l’organisation a décidé de n’en publier la liste officielle que le 8 juin, dans l’hypothèse où certains dossiers auraient été envoyés dans les délais, mais par voie postale, et ne seraient pas parvenus à temps. Hypothèse improbable, mais juridiquement valide. Pour l’heure, neuf candidats se sont déclarés. Le 30 septembre, ils seront invités à exposer leurs programmes devant le comité exécutif de l’Unesco (qui regroupe 58 États, dont 20 arabo-musulmans). Trois jours plus tard, ce dernier soumettra une recommandation à la Conférence générale, qui procédera alors à l’élection.
Farouk Hosni, le ministre égyptien de la Culture, est, en principe, le candidat officiel de l’Union africaine, de la Ligue arabe et de l’Organisation de la conférence islamique, mais il a contre lui trois autres Africains. Ses adversaires font valoir que le soutien de l’UA ne lui a été apporté qu’à la toute fin du dernier sommet, alors que la plupart des chefs d’État étaient déjà repartis. D’autres regrettent, au choix, son âge relativement avancé (71 ans), sa médiocre maîtrise de l’anglais et les soupçons de prévarication qui pèsent sur certains membres de son entourage. De plus, une violente campagne a été déclenchée contre lui par plusieurs intellectuels en raison de récentes déclarations antijuives. Hosni s’est habilement défendu et, le 11 mai à Charm el-Cheikh, Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, aurait secrètement promis au président égyptien Hosni Moubarak de ne pas s’opposer à son candidat. Mais la campagne contre celui-ci a été ultérieurement relancée, aux États-Unis, par l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac), le puissant lobby pro-israélien, et par l’Anti-Defamation League. Barack Obama a fait savoir à Moubarak qu’il ne souhaitait pas s’entretenir avec lui de la question lors de sa visite au Caire, le 4 juin.
L’Algérien Mohamed Bedjaoui dispose pour sa part d’une grande expérience internationale. Il fut notamment ambassadeur (en France et auprès de l’ONU), plusieurs fois ministre (Justice, Affaires étrangères) et président de la Cour internationale de justice (CIJ), à La Haye. Son pays ayant choisi de soutenir Hosni, sa candidature est, curieusement, présentée par le Cambodge. Bedjaoui, qui a près de 80 ans, s’engage, s’il est élu, à n’accomplir qu’un unique mandat de quatre ans.
Candidat africain surprise, l’universitaire béninois Nouréini Tidjani-Serpos, directeur général adjoint de l’Unesco, serait, dit-on, le favori de l’actuel directeur général. Il pourrait attirer sur son nom de nombreuses voix africaines et même arabes. Le professeur de géologie tanzanien Sospeter Muhongo est peu connu hors de son pays, bien qu’il préside plusieurs centres régionaux de recherche scientifique. Quant à l’architecte équatorienne (d’origine libanaise) Ivonne A-Baki, actuelle ambassadrice de son pays à Washington, son principal atout est d’être l’amie de Hillary Clinton.
Côté européen, les chances d’Alexander Yakovenko, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, de la Bulgare Irina Bokova, ambassadrice en France et auprès de l’Unesco, et de la Lituanienne Ina Marçiulionité semblent s’amenuiser au profit de celles de l’Autrichienne Benita Ferrero-Waldner, dont la candidature serait encouragée, entre autres, par Paris, Berlin, Londres et Madrid (son mari est un éminent universitaire espagnol). Actuelle commissaire de l’UE chargée des relations extérieures, elle a été ministre des Affaires étrangères de son pays, puis chef du protocole de l’ONU au temps de Boutros Boutros-Ghali.
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