Hassan Abouyoub
Un forum international organisé par le Haut-Commissariat au plan du Maroc se penche sur les défis urgents de la crise internationale. Et sur la recherche de solutions concertées.
Au Palais des congrès de Skhirat s’est déroulé, les 29 et 30 mai, le forum « Pour une initiative tricontinentale atlantique ». Venus d’horizons divers, les participants ont échangé informations, analyses, projets. Les débats portaient sur les défis urgents de la crise, mais aussi sur les questions concernant les sphères sociale, environnementale, sécuritaire. Objectif : définir les contours d’un « consensus global ».
C’est le Haut-Commissariat au plan (HCP), que dirige Ahmed Lahlimi-Alami, qui est à l’origine de ce forum. Depuis quatre ans, il s’était attelé à un programme d’études prospectives sur le thème « Maroc 2030 », « en toute indépendance institutionnelle et intellectuelle », tient-il à préciser. Deux forums ont réuni des experts marocains et étrangers, des universitaires, des responsables économiques et politiques et des représentants de la société civile. Le premier concernait le Maghreb, le deuxième l’espace euro-méditerranéen. Au cours de ces forums, les appartenances arabe, africaine et euro-méditerranéenne du royaume ont eu l’occasion de s’exprimer. « La dimension atlantique du Maroc, explique Lahlimi, n’a pas manqué de s’inviter à notre réflexion. » Elle s’est imposée avec force « comme géographie, histoire et destin ». Pour s’en tenir à la géographie, il convient de rappeler que la façade atlantique du Maroc accueille près de 50 % de la population. En outre, elle contribue pour 60 % au PIB et réalise la quasi-totalité du commerce extérieur. D’où le thème du troisième forum.
Hassan Abouyoub, ancien ministre et ambassadeur itinérant, qui a été, aux côtés d’Ahmed Lahlimi, le maître d’œuvre de cette rencontre, nous en dit plus.
Jeune Afrique : Comment expliquez-vous le tropisme atlantique qui a marqué le forum ?
Hassan Abouyoub : Lorsque le Haut-Commissariat au plan a entamé, en 2005, son exercice de prospective sur le « Maroc 2030 », il s’est rendu compte que le local mène au Maghreb, que le Maghreb mène à la Méditerranée et que la Méditerranée mène à l’Atlantique. D’où l’organisation de plusieurs forums : sur le Maghreb en 2007, la Méditerranée en 2008 et aujourd’hui l’Atlantique.
Cet intérêt pour l’Atlantique n’implique-t-il pas un alignement sur les États-Unis ?
Au contraire ! Avec la crise systémique sans précédent que connaît le monde, l’hyperpuissance elle-même n’est pas capable seule d’affronter les défis qui en résultent. Si on ajoute des thématiques telles que le réchauffement climatique, le terrorisme, le trafic de drogue…, on n’a aucun mal à admettre que seule une approche globale peut apporter une réponse appropriée.
Quels sont les principaux enseignements du colloque ?
L’arrogance naturelle des pays riches a disparu. Deuxième surprise : la qualité d’écoute quand les représentants des pays émergents ont analysé, critiqué, proposé. En troisième lieu, la Chine a fait une offre de coopération dans le cadre d’une gouvernance internationale rénovée, ouverte à tous. Dernière leçon : l’existence d’un fort consensus sur l’importance des processus régionaux pour faciliter les négociations qui devraient nous conduire vers cette nouvelle gouvernance. Un G192 [tous les États de l’ONU] n’est pas efficace, et le G20 souffre d’un déficit de légitimité. Il faut donc inventer un GX permettant à des régions homogènes de dialoguer et de décider.
Plus d’une fois, on a parlé du Maroc comme d’un laboratoire…
Les Américains et les Européens cherchent désespérément un modèle de bonne gouvernance. Or le Maroc offre l’expérience disons la moins mauvaise ou la plus crédible d’une réforme entreprise par un leadership fort avec le consensus du pays.
Le Maroc se veut à la fois arabe, africain et désormais atlantique. Ne craignez-vous pas qu’on s’y perde ?
Le Maroc est un vieil État-nation qui s’est constitué à travers une addition des religions, des cultures et des civilisations. Forts de cette histoire, nous pouvons nous percevoir comme l’archétype de la nation globale qui se moque de la dialectique Nord-Sud ou Orient-Occident. Nous devons contribuer à l’émergence d’une nouvelle gouvernance.
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