Craig Bond
Directeur général de Standard Bank à Pékin
La méthode chinoise
Après avoir dirigé les activités africaines de la première banque du continent, ce Sud-Africain a quitté Johannesburg pour ouvrir la filiale chinoise de Standard Bank, en mars 2009. Son parcours et son poste font de lui le « banquier de la Chine-Afrique ».
Jeune Afrique : Comment travaille-t-on avec les Chinois ?
Craig Bond : En dehors de ses villes principales, la Chine est un marché émergent typique. Pour y travailler, il faut faire preuve d’une flexibilité dont les banques américaines ou européennes ne sont pas tout à fait capables. Et tout est question de relationnel – comme en Afrique. Il faut s’adapter aux particularités locales : là aussi, les similitudes avec l’Afrique sont nombreuses. Résultat : les Américains trouvent qu’il est difficile de faire du business en Chine, alors que les Africains, toujours prêts à s’asseoir autour d’une table, à partager un repas, bref à tisser des liens avec leurs interlocuteurs, peuvent faire beaucoup mieux.
Dans ce contexte, qu’est-ce qui fait la force de votre banque ?
Le fait que la Standard Bank soit un établissement africain est un plus. Une partie de notre mission consiste à favoriser les investissements chinois en Afrique. La Chine est partante pour construire des infrastructures, comme l’autoroute Lekki à Lagos ou un gazoduc au Mozambique. Standard Bank et Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) ont récemment annoncé la construction d’une grande centrale électrique au Botswana, garantie par Sinosure [l’organisme chinois d’assurance à l’exportation, NDLR]. Trois entreprises chinoises participeront à sa construction. À cette occasion, notre groupe s’est aussi demandé ce qu’il pouvait faire pour les Botswanais. Nous avons installé un centre communautaire avec 700 ordinateurs. Les Chinois ne veulent plus être considérés comme des gens qui se moquent du droit du travail et qui n’ont comme seul souci de remporter des contrats. Leur approche a changé.
Pourquoi ?
La Chine veut absolument que l’Afrique réussisse. Comme beaucoup de pays d’Asie, elle se projette dans cinquante ans. D’où tous ces investissements dans l’éducation et les infrastructures. Les Chinois comprennent l’histoire et les difficultés de l’Afrique, car ils sont passés par là eux aussi. Ils peuvent donc évaluer son potentiel. Ils ont besoin de l’Afrique en tant que marché et, pour cela, ils ont intérêt à ce qu’elle se développe. Ce n’est pas à sens unique : la Chine constitue un gigantesque marché. Plus de 100 000 Chinois se rendent chaque année en Afrique du Sud. Les capacités hôtelières de ce pays doivent s’adapter à cette demande.
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