Le paludisme en France

Doyen honoraire de la faculté de médecine d’Abidjan, membre correspondant de l’Académie française de médecine

prof-edmond-Bertrand

Publié le 2 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

Avec environ cinq cents cas et une vingtaine de morts par an, la France possède le record du monde du paludisme importé. 70 % des malades reviennent de leur pays d’origine et près de 95 % des cas signalés proviennent d’Afrique subsaharienne. Mais malgré certaines situations préoccupantes (localement et ponctuellement), il n’y a pratiquement pas de risque d’implantation du paludisme en France. Ces faits suggèrent néanmoins deux réflexions. La première concerne le diagnostic, auquel médecins et biologistes français doivent être attentifs : plus celui-ci est précoce, plus le traitement à suivre est simple et efficace. Une enquête de l’Organisation mondiale de la santé évalue la fiabilité des différents tests de diagnostic rapide souvent employés. Mais il faut absolument réhabiliter le diagnostic quasi instantané par examen au microscope d’une goutte de sang (sur le continent, tout infirmier quelque peu laborantin sait pratiquer ce test dit de la « goutte épaisse »).

La deuxième réflexion concerne les voyageurs, dont environ 1,6 % ramènent en France un paludisme contracté en Afrique. Seuls 50 % d’entre eux prennent un traitement prophylactique et, dans la moitié des cas, celui-ci n’est pas adapté au risque présent dans le pays visité. Beaucoup moins encore se protègent contre les moustiques avec des vêtements amples et couvrants, des lotions répulsives et des moustiquaires imprégnées d’insecticide.

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Ces négligences peuvent s’expliquer par une perception erronée de la dangerosité du paludisme, lequel peut paraître bénin à des personnes mal informées. Mais la principale raison du manque de prophylaxie est financière : les médicaments préventifs efficaces sont chers et non remboursés par la Sécurité sociale française. Or Thierry Pistone vient de montrer, dans une thèse de sciences soutenue à Paris, que la prise en charge de la prévention coûterait moins cher que le traitement des malades.

Quel espoir de faire reculer le virus ? Un arrêté de 2007 permet déjà le remboursement de la prévention aux Français résidant en Guyane lorsqu’ils se rendent dans une zone du département où sévit le paludisme. Pourquoi pas aux Français lorsqu’ils se rendent en Afrique subsaharienne, mesure qui serait d’abord favorable à ceux qui maintiennent des liens étroits avec le continent ?

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