L’ère des loisirs
Casinos, centres commerciaux, golfs ou villages pour seniors actifs… autant de programmes immobiliers pour s’adapter aux besoins et aux envies des vacanciers et des retraités étrangers, mais aussi à ceux des Marocains.
Shopping
La mode des malls
Avec le projet Morocco’Mall, porté par les groupes marocain Aksal et saoudien Nesk Investment, ou encore l’Anfaplace, lancé par l’espagnol Inveravante, Casablanca se rêve en destination shopping. Objectif : drainer une clientèle d’affaires européenne, africaine et moyen-orientale. Cela à la faveur du Tax Free Shopping Service qui, depuis 2008, permet aux touristes et aux Marocains résidant à l’étranger de récupérer la TVA sur les achats effectués dans les centres commerciaux ou les boutiques des aéroports et des ports du pays.
Le Morocco’Mall, complexe commercial de plus de 200 000 m2 sur le front de mer et dont la construction est en cours depuis octobre 2007, ouvrira l’an prochain, qui devrait réunir quelque 200 enseignes. Son coût : 2 milliards de dirhams (180 millions d’euros). En négociant un accord de franchise exclusive, Salwa Idrissi Akhannouch, l’épouse de l’actuel ministre de l’Agriculture et présidente du groupe Aksal, a même réussi le tour de force de faire revenir les Galeries Lafayette au Maroc, où le groupe français était déjà présent dans les années 1920. Son futur grand magasin de 13 000 m2 compte attirer 3 millions de visiteurs par an. Au Maroc, Aksal distribue également Zara, Zara Home, Massimo Dutti et La Senza.
Non loin du Morroco’Mall, sur le boulevard de la Corniche, l’Anfaplace est un programme mixte qui combine logements, business centre, tourisme, loisirs et restauration, ainsi que, sur 36 000 m2, un complexe commercial.
Si l’on y ajoute le Twin Center et le Ghandi Mall, ouvert l’an dernier, la concurrence promet d’être rude. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle Casa Mall, qui devait être construit juste en face du Morocco’Mall par Actif Invest – le fonds d’investissement d’Othman Benjelloun –, laissera sa place à un autre projet.
Jeux
Impair et manque
Les casinos prospèrent. Pour satisfaire une clientèle internationale aisée, mais aussi répondre à la demande des Marocains. Bien que les jeux de hasard soient prohibés par l’islam, le royaume compte désormais six casinos dans les villes de Marrakech (La Mamounia, l’hôtel Es-Saadi), Tanger (le suisse Mövenpick Malabata) et Agadir (Le Mirage, du groupe Partouche, Shem’s Casino et Atlantic Palace). Difficile pourtant d’obtenir une autorisation, certains s’y sont cassé les dents. Notamment le groupe Lucien Barrière, qui a ouvert son premier établissement hôtelier à l’étranger en mars dernier, à Marrakech, et espérait bien y associer un casino.
En octobre prochain, un septième établissement verra le jour, dans la station balnéaire de Mazagan, à El-Jadida. Principal promoteur de la station, le groupe sud-africain Kerzner, qui a obtenu l’exclusivité sur 130 km à la ronde, promet d’ouvrir le plus grand casino du pays : 3 000 m2, des aménagements pour 50 tables de jeux, 450 machines à sous et un espace casino privé. De son côté, Ouarzazate rêve de devenir le Las Vegas marocain grâce au projet Ouarzazate Lake City, qui comprendra hôtels, parc aquatique, salles de jeux… et casinos.
Golf
La folie des greens
Produit d’appel pour le tourisme autant que pour les programmes immobiliers de standing, la frénésie des golfs s’est emparée du Maroc. D’une vingtaine aujourd’hui, leur nombre devrait doubler au cours des deux prochaines années. Un développement qui n’est pas anodin dans les régions semi-arides et arides du royaume, y compris aux portes du désert, à Ouarzazate, où un Royal Golf s’achève.
À Marrakech, première destination touristique du royaume, qui souffre d’un stress hydrique récurrent, cet engouement paraît excessif. La ville ocre ne peut en effet faire tourner l’activité golfique que six mois par an : « En raison des fortes chaleurs estivales, les six autres mois, on ne peut rien faire. Mais on continue d’arroser le gazon. Ici, un golf 18 trous d’environ 50 ha consomme 3 500 à 4 000 m3 d’eau par jour », explique Gérard Courbin, directeur de SEV, une société de construction et d’entretien de parcours. Pourtant, l’agglomération comptera bientôt une dizaine de golfs, dont ceux des groupes immobiliers marocains Addoha et Alliances Développement, de l’émirati Reem Investments, du bahreïni Gulf Finance House ou du mauricien Beachcomber, qui s’ajouteront aux quatre déjà en activité : le Royal Golf, le Palmeraie Golf Palace, l’Amelkis et, tout récemment, le Samanah Country Club, du groupe immobilier français Alain Crenn.
Sur l’Atlantique, Agadir s’enorgueillit quant à elle de trois parcours (Royal Golf et Golf du Soleil du groupe Tikida ; et Golf des Dunes du Club Méditerranée) en attendant l’ouverture prochaine du Golf de l’Océan (groupe Atlantic Palace). Et si la station balnéaire de Taghazout trouve un repreneur, après que le groupe américain Colony Capital a failli à ses obligations, un autre parcours viendra compléter son offre. Les températures y étant nettement plus douces qu’à Marrakech, « Agadir peut se prévaloir d’être une destination golfique toute l’année, note Gérard Courbin. Sauf que l’eau y est plus chargée en sel, ce qui pose des problèmes pour l’arrosage. » À moyen terme, il faudra d’ailleurs y implanter une unité de dessalement.
Retraite
Des villages spécial seniors
Près d’Agadir, le groupe immobilier marocain Dyar Shemsi a lancé les travaux de son « premier village pour retraités européens actifs » : un ensemble de 240 villas à partir de 90 000 euros, avec piscine, terrains de tennis et de pétanque, parcours de golf, spa, centre de fitness, salle des fêtes, restaurant bio, supérette, dispensaire médical ouvert 7 jours sur 7, etc. Le village sera géré en partenariat avec la société française Domitys, spécialiste des résidences seniors, dont le principal actionnaire est le groupe Caisse d’épargne.
Selon Omar Maaouni, cofondateur du projet, environ 25 000 retraités français sont installés au Maroc et 30 000 autres sillonnent les routes du Maroc en camping-car chaque année… qui ne demandent qu’à sauter le pas pour acquérir un pied-à-terre dans le royaume.
Ces seniors actifs, âgés de 55 à 75 ans, sont « un marché en forte croissance, en raison de l’arrivée de 800 000 nouveaux “boomers” à la retraite chaque année en France et du fait de l’allongement de l’espérance de vie, souligne Omar Maaouni. Une première vague de retraités, plutôt aisés, à la recherche d’exotisme et de douceur de vivre, s’est installée à Marrakech et à Fès. » Puis est arrivée une seconde vague, motivée par des raisons économiques, souhaitant retrouver du pouvoir d’achat tout en profitant du climat du pays. « Marrakech devenant hors de prix, cette clientèle s’est tournée vers des villes disposant d’une bonne infrastructure de santé, comme Agadir, El-Jadida, Tanger et Rabat », explique Omar Maaouni.
Dyar Shemsi, dont l’actionnariat est composé de business angels marocains impliqués dans l’hôtellerie, la santé et l’immobilier, prévoit de développer deux autres complexes dès 2012 et cinq autres à l’horizon 2015. Plusieurs sites sont à l’étude, notamment Fès, Essaouira et Rabat.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- Au Mali, le Premier ministre Choguel Maïga limogé après ses propos critiques contr...
- CAF : entre Patrice Motsepe et New World TV, un bras de fer à plusieurs millions d...
- Lutte antiterroriste en Côte d’Ivoire : avec qui Alassane Ouattara a-t-il passé de...
- Au Nigeria, la famille du tycoon Mohammed Indimi se déchire pour quelques centaine...
- Sexe, pouvoir et vidéos : de quoi l’affaire Baltasar est-elle le nom ?