Le temps des symboles

Un Africain-Américain nommé à la tête de la Nasa, une Hispano-Américaine à la Cour suprême.

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Publié le 2 juin 2009 Lecture : 3 minutes.

Près de cinq mois après son entrée en fonctions, Barack Obama continue d’aligner les symboles. Sa marque, c’est bien entendu l’ouverture aux minorités. Le Sénat doit encore se prononcer sur leur nomination, mais le président américain vient tout juste d’offrir deux postes d’importance à un Africain-Américain et à une Hispano-Américaine. Le premier s’appelle Charles Bolden et il sera le futur administrateur de la Nasa, l’agence spatiale des États-Unis. La seconde se nomme Sonia Sotomayor et devrait devenir l’un des neuf juges de la Cour suprême.

Rien de nature à susciter l’ire des républicains dans le parcours de Charles Bolden. Natif d’un État ségrégationniste, la Caroline du Sud, ce général en retraite du corps des marines est âgé de 62 ans. Marié et père de deux enfants, il est diplômé de l’Académie navale des États-Unis et de l’University of Southern California. Militaire de carrière et pilote, il compte à son actif une centaine de sorties aériennes au-dessus du Vietnam dans les années 1970 à bord du A-6A Intruder et du VMA(AW)-533. Par la suite, il a participé à de nombreux tests sur des avions de chasse avant d’être sélectionné comme astronaute, en 1980. À ce titre, il a participé à quatre missions dans l’espace. Dont celle de 1990, qui permit de mettre en orbite le télescope Hubble.

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Seul accroc dans cette carrière : en tant que membre du conseil d’administration du groupe texan Marathon Oil, il a été soupçonné de malversation dans un scandale impliquant le régime équato-guinéen, avant d’être innocenté par une enquête du Sénat. Son problème le plus immédiat sera de gérer les huit derniers vols des trois navettes qui doivent être mises à la retraite d’ici à septembre 2010. Mais il lui faudra aussi se plier aux desiderata d’Obama, qui souhaite réexaminer de près le fort coûteux programme Constellation et ses vaisseaux Orion, lancé par George W. Bush. Or Bolden a depuis peu des responsabilités au sein de GenCorp, une société impliquée dans le projet, ce qui pourrait lui poser des problèmes de conflit d’intérêts… 

Du Bronx à Princeton

Fille d’une infirmière et d’un ouvrier, tous deux portoricains, Sonia Sotomayor, 54 ans, a grandi dans le Bronx, à New York. Elle aussi est présentée comme un pur produit du rêve américain. Partie de rien – elle avait 9 ans quand son père est mort, sa mère doublait ses horaires de travail pour pouvoir élever ses deux enfants –, elle a été formée à Princeton et à Yale, avant de devenir successivement procureure, juge fédérale et juge à la cour d’appel de New York. Si elle est confirmée par le Sénat, elle deviendra juge à la Cour suprême, le saint des saints du pouvoir judiciaire, et pourra donc être appelée à se prononcer sur des questions de société capitales : droits civiques, peine de mort, avortement, etc.

Considérant sa décision comme « l’une des plus sérieuses » qu’il ait eu à prendre à ce jour, Obama s’est réjoui d’avoir choisi « une femme qui connaît la loi mais aussi le monde ». Cette nomination lui permet au passage de couper l’herbe sous le pied des républicains, qui tentent tant bien que mal de reconquérir l’électorat hispanique. Reste que l’impartialité de Sonia Sotomayor pourrait être mise en doute. En 2001, elle déclarait : « Une femme latino, avec la richesse de ses expériences, devrait arriver souvent à de meilleures conclusions qu’un homme blanc qui n’a pas vécu cette vie. » Les hommes blancs restent majoritaires parmi les neufs juges de la Cour suprême…

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