Le président fantôme

Chef de l’État par intérim jusqu’au scrutin présidentiel du 6 juin, Ba M’Baré ne brille pas par son activité effrénée…

Publié le 2 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

Il n’a prononcé aucun discours, convoqué aucun Conseil des ministres, fait aucun voyage (pas même à l’intérieur du pays) et réside toujours dans sa villa de Nouakchott. Ba M’Baré est-il vraiment le « président de la République par intérim », comme le désignent les rares dépêches de l’Agence mauritanienne d’information mentionnant son nom ? Président du Sénat depuis 2007, il en a en tout cas reçu le titre au soir du 15 avril, quand le général Ould Abdelaziz, tombeur du président élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi, a démissionné pour se porter candidat à la présidentielle du 6 juin.

Mais ce titre est probablement le seul attribut présidentiel de ce spécialiste de la pêche qui, à 62 ans, est devenu le premier chef d’État négro-mauritanien (l’une des trois composantes de la population) de l’histoire du pays, le poste étant toujours revenu aux Maures. Dans certains ministères, le portrait du général Ould Abdelaziz est encore présent sur les murs. Dans d’autres, il a été décroché, mais celui de Ba M’Baré ne l’a pas remplacé.

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Reflet de ce vide, le président par intérim est absent de la scène politique. Ses activités se résument à l’envoi de messages de félicitations à ses homologues et à l’accueil des illustres visiteurs qui, ces derniers temps, sont venus à Nouakchott chercher (en vain) un terrain d’entente entre partisans et détracteurs du général Ould Abdelaziz : le président sénégalais Abdoulaye Wade et son ministre des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio, ou le président de la Commission de l’Union africaine Jean Ping… Mais, dans ces moments-là, Ba M’Baré, qui a hérité du cabinet du général Ould Abdelaziz, est rarement seul. Et parfois c’est dans son bureau du Sénat qu’il reçoit, et non à la présidence, où il n’habite pas.

« Ce n’est pas un intérim, c’est un vide présidentiel, considère le juriste Lo Gourmo, membre de l’Union des forces de progrès (UFP), qui a prévu de boycotter le scrutin du 6 juin. Il aurait pu jouer les médiateurs en convoquant les parties prenantes à la crise. Mais il ne prend aucune espèce de décision politique. » C’est en invoquant la Constitution – elle prévoit un intérim du président du Sénat en cas de vacance du pouvoir – que le général Ould Abdelaziz, obligé de démissionner pour être candidat à la présidentielle, a passé le témoin à Ba M’Baré. Mais pour les antiputsch, sa décision relève de la « tactique » et de « l’habillage juridique ». « Ba M’Baré est un homme politique respectable, témoigne un proche. Mais il n’aime pas la bravade. Aziz a compris qu’il ne lui ferait pas d’ombre, et a démissionné sans crainte. »

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