Mamadou Ba
Doyen de l’opposition, le leader de l’Union des forces démocratiques de Guinée est décédé le 26 mai.
Connu pour son franc-parler et sa propension à commenter l’actualité de son pays, le « doyen » Mamadou Boye Ba s’est éteint à Paris le 26 mai, âgé de 79 ans. Le cancer a eu raison de cet homme usé par un demi-siècle de combat politique et d’échecs dont il souffrira en secret toute sa vie. S’il est vrai que son élévation le 5 mai au rang de chevalier de l’ordre du Mérite l’a réconforté, le président d’honneur de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, dirigée par Cellou Dalein Diallo) n’en est pas moins parti avec un goût d’inachevé. Le doyen de l’opposition attendait l’avènement d’une véritable démocratie issue d’élections libres.
Mamadou Ba est né à Boké en 1930. Son père, chef de canton, était un enseignant formé en France, et lui-même fréquenta les meilleures écoles sénégalaises avant de parfaire son éducation dans l’ex-métropole. Mathématicien et économiste, il a travaillé, après l’indépendance de la Guinée, dans l’administration, à la Banque centrale de Guinée et à la Banque mondiale. Face aux dérives du président Ahmed Sékou Touré, le bouillant fonctionnaire multiplie les déclarations contre le régime. Contraint à l’exil, il sera même condamné à mort par contumace pour « complot ». Il s’installe alors en Côte d’Ivoire, puis revient en Guinée après la disparition du dictateur. Hostile à Lansana Conté, désormais au pouvoir, il se fait de nouveau remarquer. En 1990, alors que le général-président accepte l’instauration du multipartisme, il crée d’abord la Lettre ouverte aux Guinéens, une publication dénonçant les agissements des dirigeants, puis son parti, l’Union pour la nouvelle République (UNR), dont la fusion en 1998 avec le Parti du progrès et du renouveau (PPR) de feu Siradiou Diallo donnera naissance à l’Union pour le progrès et le renouveau (UPR). En 2002, il quitte l’UPR pour l’UFDG, dont il devient le président. En 2007, il décide de céder sa place à l’ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo. Une semaine avant sa mort, Mamadou Ba a demandé à Diallo, qui s’était rendu à son chevet, de veiller à l’unité de l’UFDG et de défendre les valeurs démocratiques.
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