La cigarette ne connaît pas la crise

En repli dans les pays du Nord, les grandes marques misent sur les marchés émergents pour poursuivre leur croissance.

Publié le 1 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

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L’Afrique malade du tabac

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« Depuis la mise en place des lois antitabac dans les pays du Nord, nous constatons une relocalisation des industries du tabac en Afrique, voire une prolifération. Les stratégies vont de la simple commercialisation de cigarettes importées à l’implantation d’usines de fabrication », résume le docteur Jean-Pierre Baptiste, responsable régional du programme de lutte contre le tabagisme à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Nigeria, le Kenya, le Sénégal et la RD Congo font partie des pays particulièrement ciblés.

Philip Morris (63 milliards de dollars de chiffres d’affaires en 2008, + 15,2 %), cherche à imposer sa Marlboro et affiche une progression de 21,8 % en Europe de l’Est, au Moyen-Orient et en Afrique. Le numéro un mondial estime ses parts de marché à 14 % en Afrique du Nord et entre 10 % à 15 % en Afrique de l’Ouest ou centrale. Situation identique pour British American Tobacco (Kent, Lucky Strike, Dunhill…), qui renforce ses positions (+ 24 % en Afrique et au Moyen-Orient), mais aussi et surtout pour Imperial Tobacco. Après le rachat de l’africaine Tobaccor en 2001 et de la française Altadis en 2008, le numéro quatre mondial (32,1 milliards de dollars de chiffres d’affaires en 2008, + 66 %) affiche clairement ses ambitions sur le continent grâce à une gamme étendue de marques (Gauloises, Marquise, Excellence, Fine…). Le groupe pèse, par exemple, 84 % du marché ivoirien et 87 % au Maroc.

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« Une des stratégies généralisées des entreprises du tabac consiste à profiter de leur taille et de leur richesse pour influencer le processus politique aux niveaux local et national », dénonce, en des termes diplomatiques, l’OMS. Pressions amicales, lobbying habile, générosité discrète… « les techniques d’influence » sont connues. Dans la ligne de mire des multinationales, les taxes sur les cigarettes – une hausse de 10 % du prix peut faire baisser la consommation jusqu’à 8 % –, l’interdiction de la publicité, du parrainage et de la promotion, ainsi que les mesures de protection des non-fumeurs. Face à ces accusations, ces mastodontes de la cigarette en disent le moins possible et se limitent le plus souvent à de belles déclarations d’intention sur leurs sites Internet. « Philip Morris soutient un message de santé clair et cohérent sur le tabagisme », assure le service de presse de la multinationale, que nous avons contacté. « Nous respectons les réglementations et nous sommes souvent parmi les plus gros contribuables », ajoute, sous le couvert de l’anonymat, un responsable d’une société concurrente.

Mais l’accusation la plus forte concerne la jeunesse. « Leur réservoir ce sont les adolescents, accuse le Dr Baptiste. Et ils font tout pour séduire et fidéliser cette future clientèle. » Le parrainage d’événements sportifs, le financement d’écoles, voire la distribution gratuite de cigarettes, font partie des « techniques d’approche » dénoncées par les militants antitabac.

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