Pas facile de se parler

Les diplomates se veulent rassurants. « Les négociations vont reprendre incessamment », disent-ils. Rien pourtant ne laisse entrevoir la bonne volonté des protagonistes. Le 20 mai, les discussions commençaient à Antananarivo. Le 22, « la mouvance Ratsiraka » suspendait sa participation. Le lendemain, « la mouvance Ravalomanana » émettait de « sérieuses réserves » et posait comme préalable le retour du président déchu. Refus des autorités de transition.

Publié le 1 juin 2009 Lecture : 2 minutes.

C’est l’amiral Didier Ratsiraka lui-même, dans une lettre écrite à Neuilly-sur-Seine (France), où il vit, qui a posé les conditions de son camp pour la poursuite du dialogue. L’ancien chef de l’État, chassé du pouvoir en 2002 par Marc Ravalomanana, exige que « toutes les poursuites, décisions, condamnations judiciaires ou administratives » frappant ses partisans et sa propre personne soient annulées. « Les décisions prises à notre encontre ont été politiques, la décision d’annulation doit être politique », assène-t-il.

Ratsiraka conteste « l’autoproclamation et le coup d’État » d’Andry Rajoelina, tout en reconnaissant l’avoir « aidé au début de cette crise ». Aujourd’hui, il critique la façon dont se déroulent les pourparlers : « J’ai dû taper du poing sur la table pour obtenir le texte de la charte sur laquelle nous sommes censés travailler. On a fini par me la transmettre le 25 mai », confie-t-il à J.A. Faux, rétorque l’un des médiateurs, qui affirme que le texte a été transmis à l’ancien président dès qu’il a été prêt. « C’est du cinéma », ajoute cette même source.

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L’objectif du « groupe de contact international », qui assure la médiation, est de remettre rapidement les protagonistes autour de la table. « Même si leur chef pose son retour comme préalable, les proches de Ravalomanana continuent à travailler avec nous. Il nous reste à convaincre le camp Ratsiraka », explique un des membres de ce groupe.

Depuis son exil en Afrique du Sud, Ravalomanana continue de vitupérer, envoyant des messages à ses partisans, diffusés sur la place publique. Dans sa dernière harangue, le 26 mai, il s’en prenait violemment à la France, qui, dit-il, soutient « un groupe de brigands aux mauvais desseins sous l’égide d’Andry Rajoelina ». « La France ne veut pas voir Madagascar se développer », elle « veut une guerre tribale », accuse Ravalomanana.

Pendant ce temps, Rajoelina, encore officiellement au ban de la communauté internationale, se rendait à la fin de la semaine dernière à Dakar. Il a également rencontré, le 18 mai, le « Guide » libyen Mouammar Kadhafi, président en exercice de l’Union africaine, et envoyé Benja Razafimahaleo, son ministre des Finances, à Paris puis à Londres pour un lobbying discret.

Au moment où les pourparlers étaient suspendus, les participants s’étaient déjà entendus sur vingt et un des vingt-cinq points. L’une des principales pierres d’achoppement porte sur la composition des différentes autorités de la transition – qui devrait durer au maximum quatorze mois après la signature de la charte. 

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