Doha, entre prudence et gigantisme

C’est en grande partie grâce au pouvoir « cathodique » de la chaîne Al-Jazira que le Qatar est sorti de l’anonymat. Mais au-delà de la célébrité très controversée de la première chaîne arabe d’information en continu, qui a souvent déclenché l’ire de l’administration américaine comme celle des gouvernements arabes, c’est surtout le succès économique du Qatar qui a aiguisé ma curiosité.

Publié le 26 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

Au point que je suis allée à la découverte de cette très riche et petite péninsule de sable du Golfe. À Doha, la capitale, on est d’emblée frappé par la présence des ouvriers asiatiques – philippins, sri lankais et bengalais pour la plupart –, qui ont quitté leur pays dans l’espoir de conjurer la pauvreté. Autre présence marquante, celle des voitures de luxe qui sillonnent la ville et nous conduisent vite à percevoir la réalité duale du Qatar : sombre misère d’un côté, opulence flamboyante de l’autre.

Capitale culturelle

la suite après cette publicité

Porté par ses revenus gaziers, le Qatar façonne depuis plus d’une décennie des mégaprojets immobiliers et touristiques. Mais à l’inverse de la mégalomanie propre à Dubaï, le pays a joué la carte de la pondération. Et à l’heure où l’émirat voisin est durement frappé par la crise mondiale, le Qatar continue de développer sans précipitation ses grands projets de constructions et d’infrastructures comme si de rien n’était. Chantiers, échafaudages et grues parsèment littéralement la ville. Abritant des bureaux de multinationales et des appartements de standing, des tours ultramodernes de verre et d’acier ont émergé du désert. De grandes chaînes d’hôtels de luxe comme Four Seasons, Marriott ou Ritz-Carlton sont désormais implantées. Elles sont fréquentées par de nombreux étrangers venus sonder l’environnement des affaires ou simplement faire du tourisme.

La Corniche est le lieu le plus fréquenté par les étrangers. C’est une longue avenue agréablement bordée de pelouse et de palmiers où se dresse, depuis novembre 2008, le musée d’Art islamique, bâtisse de cinq étages à l’architecture aussi distinguée que démesurée. Œuvre de l’architecte sino-américain Ieoh Ming Pei, artisan de la pyramide du Louvre, ce monumental musée aux formes cubiques participe de l’ambition du Qatar d’ériger Doha au rang d’une capitale mondiale de la culture. Dans le même esprit de gigantisme, le Qatar s’apprête à inaugurer fin 2009 son premier grand projet immobilier, un archipel artificiel nommé The Pearl. Celui-ci s’étale sur une superficie de 400 hectares gagnés sur la mer au large du West Bay Lagoon. Édifié sur le modèle franco-italien de la Riviera, le projet regroupe hôtels, villas avec plages privées, restaurants, centres commerciaux et de loisirs. 

Conservatisme wahhabite

Le temps est bien lointain où le guide de voyages Lonely Planet plaçait l’émirat sur la liste des pays les plus ennuyeux au monde… Entre treks dans le désert, soirées dans les bars panoramiques des gratte-ciel et concerts de musique électronique sur la plage, le Qatar offre un visage aussi surprenant qu’accueillant au visiteur. L’étalage ostentatoire d’ouverture et de modernisme laisse même penser qu’en dépit de sa prudence apparente l’émirat marche fermement sur les pas de Dubaï. Des rencontres sportives et culturelles s’y multiplient : tournois internationaux de tennis et de golf, Grand Prix annuel de moto, régates internationales… Le pays s’est même allié à l’acteur américain Robert de Niro, cofondateur en 2002 du Festival de cinéma de Tribeca à New York, pour créer un événement similaire dans l’émirat. Mais le réformisme affiché de l’émir et de son épouse doit compter avec le conservatisme wahhabite des Qataris. Dernier sursaut en date : une loi a interdit de se rendre en discothèque vêtu de la tenue traditionnelle des princes du désert…

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires