Théières de demain

L’exposition Marocollection, qui se tient jusqu’au 6 juin aux Galeries Lafayette, à Paris, est un bel exemple d’alliance réussie entre créateurs formés dans de prestigieuses écoles de design et artisans détenteurs d’un savoir-faire ancestral.

Publié le 26 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

Pique-nique sous les oliviers, luxueuse scène de hammam, calèche de Marrakech… qu’elles soient or, noir ou bleu Majorelle, les trente-quatre vitrines monochromes que présentent les Galeries Lafayette, boulevard Haussmann, à Paris, constituent d’irrésistibles invitations au voyage en ce pluvieux mois de mai. Imaginées par le styliste marocain Karim Tassi, elles mettent en scène les créations de la jeune génération de designers du royaume : table Mogador de Naim Mahdi, méridienne de Rachid Hafiani, robes noires de Nourredine Amir…

À l’intérieur du grand magasin, il est possible de redécouvrir mille et un objets artisanaux débarrassés du folklore et résolument contemporains. De la sempiternelle ­babouche aux verres à thé, en passant par le pouf en cuir et l’indétrônable théière, aucun classique de l’artisanat marocain n’a été oublié lors de cette opération de « relookage », fruit d’une collaboration astucieuse entre designers et artisans. Les formes sont épurées ; les matières sont les mêmes mais associées différemment ; la monochromie l’emporte.

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« C’est à partir de 2005 que l’on a recherché cette synergie entre le design et l’artisanat, dans différents corps de métier. Une opération d’envergure qui a été lancée avec l’implication de grands noms comme Hicham Lahlou pour la dinanderie (cuivre) ou Said Guihia pour l’utilisation du bois de thuya », explique Karim Tassi, qui, outre ses habituelles casquettes de styliste et de designer, a également revêtu celle de directeur artistique.

« Aujourd’hui, il y a une prise de conscience générale : l’artisanat doit prendre une nouvelle direction. L’idée est d’intégrer dans le cursus industriel une dimension artisanale, ce qui nous permettrait de nous démarquer, mais surtout de conserver notre culture tout en créant une plus-value », poursuit ce jeune créateur qui se verrait bien dans le rôle d’ambassadeur itinérant de la culture marocaine à travers le monde.

Tout en commercialisant les nouveaux produits de l’artisanat marocain, Marocollection vise aussi à promouvoir le travail de la jeune génération de stylistes et de designers dont on peut admirer les créations sur le site www.darenart.com, portail dédié à la création contemporaine lancé en 2007 par Karim Hamdi. Sophia Tazi, Réda Bouamrani, Hicham Lahlou font partie de l’écurie Dar en Art, qui propose des pièces modernes inspirées par le patrimoine marocain. D’ailleurs, lorsque l’on demande à Hicham Lahlou, l’un des artistes les plus en vue, comment il définit son style, il répond : « Originel, universel, made in Morocco ».

Touche à tout, Lahlou travaille aussi bien au Maroc – il a signé le mobilier urbain de la ville d’Agadir – que pour des sociétés internatio­nales telles que Lip (montres) ou Aquamass (salles de bains). Sa théière Koubba a été acquise par le Wereld Museum de Rotterdam. D’inspiration hispano-­mauresque, elle incarne la version contemporaine de l’art de vivre marocain, ce vers quoi devrait tendre l’artisanat contemporain.

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