Béatrice Damiba

Présidente du Conseil supérieur de la communication (CSC) du Burkina.

Publié le 25 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

Elle a nourri bien des spéculations ! On la voyait ministre des Affaires étrangères du Burkina après la nomination, en juillet 2008, de Djibril Bassolé comme médiateur de l’ONU au Darfour. Silhouette discrète et courtoisie naturelle, Béatrice Damiba avait aussi été pressentie pour prendre les rênes de l’ambassade du Burkina en France, poste resté vacant après le départ, en juin 2007, de Filippe Savadogo, aujourd’hui ministre de la Culture. D’autres enfin la voyaient représentante de son pays à Washington, aux États-Unis.

Aucune de ces prédictions ne s’est réalisée. Comme à son habitude, Blaise Compaoré a pris tout le monde de court en nommant, le 28 juillet dernier, cette figure bien connue du monde de la diplomatie à la tête du Conseil supérieur de la communication (CSC). Ce choix est tout sauf fortuit. « J’ai été prêtée à la diplomatie, qui m’a beaucoup appris. Mais, fondamentalement, le journalisme reste mon métier », explique-t-elle.

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Native de Koupéla, diplômé en journalisme de l’université de Strasbourg, Béatrice Damiba sait de quoi elle parle. Après avoir débuté sa carrière au sein de l’hebdo­madaire Carrefour africain, elle a piloté le quotidien national Sidwaya en 1984. Ses engagements en firent à cette époque une « plume » de la Révolution. Elle occupe alors plusieurs postes ministériels, travaille ensuite auprès du président Compaoré comme conseillère en communication (1992-1994), avant d’être nommée ambassadrice en Italie (1994-2003), puis à Vienne, où lui a succédé l’ex-ministre Salif Diallo.

C’est donc en terrain connu qu’elle exerce ses nouvelles responsabilités. Sa visite à Jeune Afrique est intervenue peu après l’aboutissement, le 4 mai, de son premier chantier, que d’aucuns qualifient d’historique. Depuis cette date, les journalistes burkinabè sont détenteurs d’une carte de presse. Le projet était mûri de longue date et avait été préparé par son prédécesseur, Luc Adolphe Tiao. Mais la diplomate l’a mené à son terme.

Cette décision, rare au sud du Sahara, permet « de remettre de l’ordre dans le secteur et de démasquer les abus », explique la présidente du CSC. Entendez : les prétendus journalistes qui exercent ce métier « à des fins peu recommandables ». Une mesure emblématique donc, d’autant qu’elle intervient quelques mois après l’adoption, le 6 janvier, de la Convention collective des journalistes professionnels, qui réglemente le secteur. Un texte arraché après plusieurs années de négociations entre syndicats de journalistes et patrons de presse.

La carte sera attribuée par un comité de douze membres issus des organisations syndicales et patronales, du CSC et de l’État. Plus d’un millier de journalistes, tous médias confondus, sont concernés par cette mesure qui devrait également revaloriser financièrement la profession.

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Le Burkina, qui compte une trentaine de journaux, une centaine de radios nationales et régionales ainsi qu’une vingtaine de chaînes de télé privées et publiques, est réputé pour le dynamisme de son paysage médiatique. « Le pluralisme de la presse existe depuis l’indépendance. Les Burkinabè aiment les débats d’idées, affirme Béatrice Damiba. Ailleurs, la virulence de cette presse d’opinion ne serait pas acceptée. »

Prochain dossier, et non des moindres, la préparation de la présidentielle de 2010, pour laquelle le CSC jouera son rôle de régulateur des médias tout en étant l’arbitre du temps de parole de chaque candidat. 

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