Chroniques de Nazareth

Renaud de Rochebrune

Publié le 25 mai 2009 Lecture : 1 minute.

Un jeune Arabe téléphone dans la rue, en bas de chez lui, à Nazareth. Il s’exprime avec véhémence sans prêter garde au tank – d’autant plus gigantesque qu’il est filmé de biais – qui stationne derrière lui. La tourelle du char, menaçante, suit ses allées et venues comme si elle le tenait en joue à son insu. Ce pourrait être une scène poignante, l’illustration du drame que vivent les Arabes sous le joug israélien. Et pourtant, cet étrange ballet est d’un comique irrésistible. De ce comique amer, absurde, qui fait le style inimitable du cinéaste palestinien Elia Suleiman, en compétition pour la Palme d’or avec Le Temps qui reste, sept ans après avoir été primé pour Intervention divine et treize ans après Chronique d’une disparition.

Cette nouvelle chronique de la vie quotidienne de trois générations d’une famille palestinienne – celle de l’auteur, qui joue son propre rôle avec un air lunaire à la Buster Keaton – témoigne avec gravité et humour des difficultés dans lesquelles se débattent les Arabes qui ont décidé de rester sur la terre de leurs ancêtres après 1948.

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Une existence insupportable dont on rêve forcément de s’échapper, suggère Suleiman en saisissant, vers la fin du film, une perche pour sauter – en tenue de ville mais comme un sportif de haut niveau – par-dessus ce mur qui enferme finalement autant les Palestiniens que les Israéliens dans une prison.

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