Vent de sable
Sauf improbable coup de théâtre, la présidentielle mauritanienne se déroulera bien le 6 juin prochain. Et c’est le tombeur de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, Mohamed Ould Abdelaziz, qui, faute d’adversaire crédible, devrait l’emporter haut la main.
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Marwane Ben Yahmed
Directeur de publication de Jeune Afrique.
Publié le 25 mai 2009 Lecture : 2 minutes.
Beaucoup de bruit pour rien, donc. Depuis le 6 août 2008, l’Union européenne, l’ONU, la France, les États-Unis et l’Union africaine ont multiplié les déclarations contradictoires, alterné le chaud et le froid. Quelle cacophonie ! D’abord, le retour à l’ordre constitutionnel exigé avec la plus grande fermeté. Puis des positions plus ambiguës, notamment celle de la France. Comme lorsque Nicolas Sarkozy a condamné le coup d’État depuis Niamey, où il était en visite officielle le 27 mars, tout en précisant que, « d’un autre côté, personne ne se bat en Mauritanie pour réclamer le retour du président déchu ». Une manière de ménager la chèvre et le chou, à peu de frais. Apparemment, la lutte contre le terrorisme et l’islamisme, dont Abdelaziz est le champion, vaut bien quelques entorses à la démocratie.
Les multiples négociations de sortie de crise ont été trop brouillonnes et l’impéritie de certains de leurs acteurs
trop flagrante pour aboutir à une solution acceptable. Pouvait-il en être autrement quand, au sein de l’UA, les émissaires portaient des messages contradictoires ? Jean Ping a vu ses efforts – réels – sapés en un tournemain par le show Kadhafi du 11 mars dernier à Nouakchott. Médiateur autoproclamé et partial, fervent partisan des pouvoirs militaires qui ne doivent rendre de comptes qu’à eux-mêmes, le colonel libyen a encore frappé ! Était-il également souhaitable de confier une nouvelle médiation à Abdoulaye Wade, qui s’est rendu à Nouakchott le 14 mai, alors qu’il avait justifié le putsch dès septembre dernier ? Quand on connaît, en sus, le peu d’affinités, pour ne pas dire plus, entre Maures et Sénégalais…
L’ultime tentative menée par Cheikh Tidiane Gadio (Sénégal), Saïd Djinnit (ONU), Ramtane Lamamra (UA) et Ali Triki (Libye) pour obtenir, entre autres, le report in extremis de l’élection, s’est, elle aussi, logiquement heurtée à un mur.
Abdelaziz ne pouvait rêver meilleur scénario et sera donc (mal) élu. Ses adversaires auraient voulu l’aider qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement… Ensuite ? Le front antiputsch, attelage de personnalités hétéroclites sans grands moyens, menace de faire monter la pression populaire et d’envahir les rues de la capitale. Pas vraiment une habitude locale, malgré une histoire parsemée de putschs (cinq depuis l’indépendance). Situation économique et sociale inquiétante, classe politique discréditée, chef de l’État à la légitimité contestée, nouveaux bruits de bottes toujours possibles : la plus grande incertitude pèse sur l’avenir du pays. Comme, d’ailleurs, à Conakry ou à Madagascar. Au fait : le 25 mai, c’était la journée de l’Afrique…
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