Karim Wade, citoyen sénégalais

Économiste et politologue, à Dakar, Sénégal

Publié le 20 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

Nous vivons une de ces périodes ambiguës où tout devient possible, tandis que les charlatans et les saltimbanques politiques s’en donnent à cœur joie. Au Sénégal, nous sommes actuellement au point zéro de la réflexion politique. En effet, comment interpréter la paralysie de l’intelligentsia, qui assiste, médusée, au glissement du débat politique vers des polémiques aux relents identitaires, dangereuses et mettant en cause la nationalité sénégalaise d’un adversaire politique à qui l’on prête l’intention de se présenter à l’élection présidentielle de 2012 ?

Ce personnage, en l’occurrence Karim Wade, le fils de l’actuel président sénégalais, fraîchement promu ministre au sein du gouvernement, est aujourd’hui et pour longtemps le centre de tout débat politique au Sénégal. Or ceci est une grave dérive, aux conséquences insoupçonnées, qui conduit à l’infantilisation civique et politique de la société sénégalaise et qui révèle une profonde inaptitude à générer dans l’espace public un réel débat démocratique.

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À peine sortis d’élections municipales dont on dit l’opposition victorieuse, les Sénégalais sont retombés dans le travers auquel les convient les animateurs de la vie politique, à savoir la dramatisation du débat et sa transformation en plébiscite pour ou contre l’exécutif et surtout – chose invraisemblable ! – pour ou contre la candidature supposée de Karim à l’élection présidentielle de 2012.

Le climat de suspicion généralisée autour de l’action politique de Karim Wade porte à croire que ce dernier n’est pas un citoyen sénégalais à part entière. D’autant qu’un air de calomnie pousse les Sénégalais à voir partout la main invisible de monsieur le président, tripatouillant pour imposer son fils. Peut-on refuser à un Sénégalais qui présente toutes les garanties légales d’éligibilité de solliciter le suffrage de ses compatriotes sous prétexte qu’il est le fils du président ? Peut-on contester au président son droit constitutionnel de nommer aux fonctions ministérielles ? En 2012, le peuple, par le suffrage universel, s’exprimera de façon souveraine, et c’est cela qui compte. Espérons que le choix des Sénégalais ne se fera pas sur l’acte de naissance de tel ou tel candidat, mais sur le programme que les uns et les autres sauront présenter au peuple sénégalais.

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