Courrier des lecteurs

Publié le 20 mai 2009 Lecture : 4 minutes.

Hommage à Michel Jobert

– Dans quelques jours, le 25 mai, ce sera le septième anniversaire de la disparition d’un ami défunt, l’ancien ministre français des Affaires étrangères Michel Jobert, pour lequel Jeune Afrique a eu, en son temps, beaucoup d’affection. Aujourd’hui, ne serait-il pas opportun de rappeler à son lointain successeur Bernard Kouchner qu’il ne peut se contenter, dans ses envolées, de soupirer ou d’avoir des bouffées d’indignation, mais qu’il doit s’interroger sur le sens profond de sa politique, qu’on peut d’ailleurs qualifier d’étrange, et non d’étrangère, si on fait le très maigre bilan de ses actions en faveur du droit d’ingérence ?

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Jean-Louis Silvestre, ancien collaborateur de Michel Jobert, président de l’association « Les amis de Bamba », Narbonne, France

La fuite des cerveaux africains

– En relisant le numéro double 2502-2503, c’est avec beaucoup d’amertume que j’ai constaté qu’aucun scientifique ne figure sur la liste des 100 personnalités qui feront l’Afrique en 2009. Ce qui m’a poussé à me poser la question suivante : existe-t-il des scientifiques en Afrique ? La réponse que j’ai trouvée est oui ! En poussant la réflexion plus loin, j’en suis arrivé à poser le diagnostic suivant : l’Afrique reste toujours prise en otage par ses politiques. Pour s’évader ou oublier son quotidien difficile, le peuple meurtri se réfugie sur les gradins des stades ou devant le petit écran, médusé par les exploits de nos sportifs, ces « dieux du stade ». Les parcours des Pr Souleymane Mboup, Cheikh Modibo Diarra et tant d’autres devraient servir de modèles. Malheureusement, tel n’est pas le cas. On n’arrête pas de nous montrer, à longueur de journaux et de journées, des contre-exemples et des contre-valeurs. Le résultat, c’est la fuite inéluctable des cerveaux.

Doudou Diop, médecin, Dakar, Sénégal

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Peut-on défendre Israël ?

– Le programme du Parti antisioniste de l’humoriste Dieudonné M’bala M’bala, candidat aux prochaines élections européennes, soulève un certain nombre de problèmes, d’autant que ledit artiste a bénéficié d’une large couverture médiatique, notamment dans le Journal hebdomadaire marocain (une interview complaisante de trois pages). Dieudonné y justifie son engagement par le fait que le sionisme organiserait « des épurations ethniques » ! Et, ne s’arrêtant pas en si bon chemin, il nous explique aussi que la Shoah est un mot qui « ne veut rien dire » et qui constitue « une imposture »…

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En guise de réponse à Dieudonné et à ses acolytes, j’aimerais rappeler ici les propos que tenait, en 1998, l’écrivain, journaliste et professeur émérite à l’université Columbia de New York Edward Said sur les Arabes tentés par le négationnisme : « La thèse selon laquelle l’Holocauste ne serait qu’une fabrication des sionistes circule ici et là de manière inacceptable. Pourquoi attendons-nous du monde entier qu’il prenne conscience de nos souffrances en tant qu’Arabes si nous ne sommes pas en mesure de prendre conscience de celle des autres, quand bien même il s’agit de nos oppresseurs […] ? »

Par ailleurs, la résonance du phénomène Dieudonné dans certains médias arabes pose une question cruciale : a-t-on le droit de défendre Israël ? Car aucun média arabophone ou francophone arabe ne publie d’opinions individuelles favorables à l’État hébreu, même dans le courrier des lecteurs. Selon nombre de responsables éditoriaux, cette censure s’explique par la sensibilité propalestinienne de la rue arabe. Or n’est-il pas temps de dépassionner le débat et de le traiter avec retenue et sang-froid ? Quoi qu’en disent ses détracteurs, Israël reste la seule démocratie du Moyen-Orient et mérite d’être traité de manière objective.

Frank Nouma, Bruxelles, Belgique

Maire au féminin

– Très fidèle lecteur de votre irremplaçable journal, je voulais juste vous faire une petite remarque concernant le « Choses vues » intitulé « Kigali, quinze ans après » (J.A. n° 2520-2521). La capitale rwandaise n’est pas la seule capitale du continent dirigée par une maire. Luanda, la capitale de l’Angola, en a une à sa tête. Elle s’appelle Francisca do Espirito Santo.

Carlos Pedro Ramos, Kinshasa, RD Congo

NDLR : En réalité, Francisca do Espirito Santo n’est pas maire mais « gouverneure de la province de Luanda », ce qui est assez différent même si elle dirige effectivement la capitale angolaise. Autre différence – de taille : elle n’est pas issue du suffrage universel, contrairement à la maire de Kigali, Aissa Kirabo Kakira, élue en mars 2006.

Précision

– En tant que cofondatrice de Radio Beur et eu égard aux autres membres cofondateurs, il me paraît nécessaire de signaler que l’idée et la création de cette radio, en novembre 1981, n’est pas une initiative du seul Nacer Kettane (voir « Parcours » du J.A. n° 2519). Il n’a été qu’un élément au sein d’un groupe déjà constitué à la fois par des membres de la troupe de théâtre Kahina et du journal Sans Frontière, lequel s’est élargi pour mener à bien ce projet. À cette époque, M. Kettane était plus attiré par le concept d’une radio berbère que par celui d’une radio « Beur », mais il a fini par nous rejoindre. […] Or l’article semble suggérer que la « paternité » de cette radio lui revient, ce qui est faux.

Salika Amara, cofondatrice de la troupe Kahina et de Radio Beur, Paris, France

NDLR : Le texte de l’article ne comporte aucune suggestion en ce sens. Centré sur Nacer Kettane, il se contente d’indiquer que ce dernier a, en 1981, « créé Radio Beur avec un collectif d’amis ».

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