Cinéma: à l’affiche

Publié le 20 mai 2009 Lecture : 3 minutes.

Les saignantes

de Jean-Pierre Bekolo (sorti à Paris le 20 mai)

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Lors du Fespaco de 2007, Les Saignantes ont été couronnées, grâce à un jury fort audacieux, par un Étalon d’argent et par le prix d’interprétation féminine pour ses deux principales actrices, Adèle Ado et Dorylia Calmel. Pourtant, il a fallu plus de deux ans pour que ce film très original dans l’univers du cinéma africain soit distribué et sorte enfin en Europe, hors du circuit des festivals. Une bonne raison de ne pas le rater si vous avez l’occasion de le voir. Film d’anticipation africain supposé se passer en 2025 au Cameroun, pays natal de l’auteur, Les Saignantes racontent comment une jeune femme superbe et vénale, qui entendait coucher avec un dignitaire de son pays pour en retirer quelque profit, se retrouve in fine avec son cadavre sur les bras. Et passe toute une nuit, en compagnie de sa meilleure amie, à tenter de se débarrasser du corps… Tenant à la fois du cinéma d’action vaguement érotique, du film d’horreur pour son ambiance glauque, du polar mais aussi de la critique sociale, ce long-métrage est des plus subversifs. Sur le fond – il évoque bien entendu la société camerounaise contemporaine et ses multiples problèmes – comme sur la forme, qui emprunte à l’esthétique des films de genre comme à celle de la bande dessinée et de la publicité.

L’enfant cheval

de Samira Makhmalbaf (sorti à Paris le 6 mai)

Dans un village d’Afghanistan, un jeune fils de riche, amputé des deux jambes, se voit offrir un cheval peu commun : il s’agit d’un handicapé mental qui, pour un dollar par jour, va lui servir de monture. Et, incidemment, de souffre-douleur. Un film radical sur la relation maître-esclave par la plus douée des filles du cinéaste iranien Mohsen Makhmalbaf. Lequel a écrit le scénario et manifestement inspiré l’esthétique de cette œuvre âpre et parfois difficile à regarder tant elle ne recule jamais devant l’horreur des situations qu’elle décrit.

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Millénium

de Niels Arden Oplev (sorti à Paris le 13 mai)

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Si vous avez lu le livre et si vous l’avez aimé, vous avez déjà vu le film et vous l’aimerez. Sinon… Très fidèle à l’ouvrage dont est tiré le scénario, le premier tome du célèbre best-seller suédois en trois volumes, le long-métrage est bien mené, comme un thriller ­hollywoodien de bonne qualité. Peinture de personnages plus que de la société suédoise dans laquelle ils évoluent, il bénéficie du choix judicieux de l’actrice (Noomi Rapace) interprétant le rôle de Lisbeth Salander, l’étonnante hacker-autiste écorchée vive qui irradie le récit de sa présence touchante et, souvent, déroutante.

Les enfants invisibles

Film collectif (Mehdi Charef, Spike Lee et d’autres) (sorti à Paris le 20 mai)

Un peu frustrant comme tous les films collectifs, où les réalisateurs n’ont guère le temps de s’exprimer et où la diversité des styles ne forge pas toujours un alliage heureux, Les Enfants invisibles bénéficient d’un réel atout : sept cinéastes de premier plan racontent sept histoires d’enfants dans sept pays différents, et ils ont eu les moyens de le faire. Résultat : beaucoup d’émotion. Mention spéciale pour Spike Lee, qui évoque avec empathie le sort d’une petite Africaine-Américaine qui découvre sa séropositivité…

Commis d’office

de Hannelore Cayre (sorti à Paris le 6 mai)

Habitué à défendre des petits délinquants jugés en comparution immédiate en tant qu’avocat commis d’office, Antoine Lahoud, pénaliste fort désargenté, a perdu le moral. C’est alors qu’il rencontre un confrère véreux qui a « réussi » en défendant des cadors de la pègre. Et qui lui propose un marché aussi délicat que lucratif : prendre, en profitant de ses privilèges et d’une ressemblance physique peu commune, la place d’un truand condamné à la prison… L’occasion pour la réalisatrice, avocate, de régler ses comptes avec une frange peu respectable de son milieu et de critiquer certains aspects de l’institution judiciaire. Et pour deux acteurs exceptionnels, Roschdy Zem (Antoine Lahoud) et Jean-Philippe Ecoffey (l’avocat véreux), de faire montre de leur talent en dépit du manque d’originalité de la mise en scène.

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