En Afrique, Eiffage veut aller au delà du Sénégal
Le troisième groupe hexagonal de BTP, qui a fermé trois filiales européennes, réoriente son développement à l’international. Il cible notamment l’Afrique subsaharienne.
Le continent n’est pas un territoire inconnu pour le groupe Eiffage, qui se targue d’être présent au Sénégal depuis quatre-vingt-six ans. Mais dorénavant, il sera l’horizon privilégié de son développement. C’est du moins ce qu’a laissé entendre son PDG, Pierre Berger, dès la publication des résultats 2012 en déclarant qu’Eiffage irait « chercher la croissance à l’international, avec comme cible principale le continent africain ».
Pour la troisième entreprise française du secteur, il s’agit de se redéployer alors que le Vieux Continent s’enlise dans la crise économique. Eiffage a fermé trois de ses filiales européennes – en République tchèque, en Belgique et aux Pays-Bas – et compte sur l’expansion économique africaine pour tirer son chiffre d’affaires hors Europe, de 243 millions d’euros en 2012. Celui-ci affiche une hausse de 43 % sur un an, mais reste négligeable sur un total de 14 milliards d’euros dans le monde. « Nous ciblons l’Afrique et le Moyen-Orient, deux régions proches de la France, explique la direction. Le potentiel de croissance y est considérable car les infrastructures y sont encore peu développées alors que ces territoires sont très riches en matières premières. »
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Infrastructures : petits moyens et grands projets au Sénégal
Seul ou en partenariat, le groupe affiche son expérience de constructeur, mais aussi de gestionnaire de projets clés en main et de gérant de concessions, comme il a commencé à le faire au Sénégal en finançant en partie et en construisant l’autoroute Dakar-Diamniadio.
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Le Sénégal est en effet la tête de pont de l’entreprise sur le continent. Une fierté pour Gérard Sénac, patron d’Eiffage dans le pays. Censé en fermer les bureaux à son arrivée en 1989, il en avait perçu le potentiel et avait relancé l’activité.
Aujourd’hui, la société y revendique la réalisation du port de Dakar et la réhabilitation du pont Faidherbe à Saint-Louis. Et surtout, elle bénéficie du prestige lié à l’autoroute de l’Avenir, entre Dakar et Diamniadio. Ce contrat, signé en 2009, est le tout premier partenariat public-privé (PPP) jamais établi en Afrique subsaharienne. Un premier tronçon a été inauguré en 2011 et l’ensemble devrait être ouvert à la circulation mi-2013. Eiffage en assurera l’exploitation commerciale jusqu’en 2039. C’est donc un coup double pour le français, qui s’est vu attribuer dans la foulée le chantier de prolongement de l’autoroute sans repasser par un processus d’appel d’offres, et qui peut maintenant s’appuyer sur ce succès pour décrocher de nouveaux contrats sur le continent.
Les clients potentiels sont nombreux. Eiffage est déjà présent au Nigeria, avec un contrat de 313 millions d’euros signé en 2011 pour la construction d’une plateforme pétrolière Total au large de Port Harcourt. En Afrique du Nord, et notamment en Algérie, les entreprises chinoises comme China State Construction Engineering Corporation (CSCEC) ont remporté la majorité des grands projets, mais Eiffage se verrait bien reprendre une part du gâteau, d’autant que les relations franco-algériennes se sont apaisées. Le groupe compte aussi vendre son expertise des structures métalliques, notamment au Qatar, pour des stades destinés à la Coupe du monde 2022. Rien n’a encore été signé, mais Eiffage a annoncé « deux gros contrats » prochainement.
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