Malmenés, les investisseurs résistent
Si la crise freine l’enthousiasme des professionnels du capital-investissement, ceux-ci maintiennent leur intérêt pour le dynamisme des entreprises africaines.
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Les principaux acteurs du capital-investissement en Afrique ont pris de plein fouet les conséquences de la crise mondiale sur les banques du Nigeria, où ils avaient investi quelque 600 millions de dollars, dont 161 millions dans Intercontinental Bank ou 134 millions dans Diamond Bank, toutes deux en déroute financière. Plus généralement, « les investissements passés ont été réalisés sur la base de prévisions de croissance aujourd’hui revues à la baisse », note Koffi Klousseh, vice-président d’Helios Partners. « Ceux qui ont investi au début de 2008, à un moment où les valorisations étaient les plus élevées, ont déjà perdu jusqu’à la moitié de leur investissement », ajoute un avocat d’affaires. Mais, aujourd’hui, « la crise pèse sur la valorisation des entreprises, et les prises de participation sont moins coûteuses », explique Vincent Le Guennou, directeur Afrique d’ECP, que la crise n’a pas empêché de démarrer 2009 en prenant 20 % de l’assureur ivoirien NSIA, puis 90 % du groupe ouest-africain Financial Bank.
Inquiétude supplémentaire : les levées de fonds. Alors que le secteur était parvenu à drainer entre 4 et 5 milliards de dollars en 2006 et 2007, la manne s’est tarie. L’implication croissante des groupes privés occidentaux, aux côtés des partenaires traditionnels que sont les agences de développement néerlandaise (FMO), française (Proparco) ou encore allemande (DEG), avait permis de lever des montants de plus en plus importants. En panne de liquidités, les privés se désintéressent.
Malgré tout, aucune casse n’a encore été enregistrée, et les professionnels sont confiants. D’ici à septembre, Afric Invest II, lancé par Tuninvest, devrait atteindre « 120 à 130 millions d’euros comme prévu », explique Zied Oueslati, directeur général de Tuninvest. Et Africa Fund III d’ECP pourrait se boucler à 1 milliard de dollars en juillet, comme annoncé à son lancement il y a un an. À la différence de ce qui s’est passé ailleurs dans le monde, les capital-investisseurs comme eux ont eu très rarement – et avec des leviers moins importants qu’ailleurs – recours à l’endettement. Il ne leur reste donc qu’à courber l’échine le temps que durera la crise. Et à espérer que la rentabilité des fonds placés dans les entreprises du continent n’en souffre pas trop. Dans les années fastes, le retour sur investissement des meilleures affaires pouvait dépasser 40 % sur trois ans.
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