Kadhafi contre la presse
Le 18 mai devait s’ouvrir à Casablanca un procès opposant l’État libyen à trois journaux marocains : Al-Massae, Al-Jarida al-Oula et Al-Ahdath al-Maghribiya.
Publié le 20 mai 2009 Lecture : 1 minute.
C’est le Bureau de la fraternité (ambassade de Libye) à Rabat qui a saisi les autorités, lesquelles se sont tournées vers le procureur du roi. C’est finalement le parquet de Casablanca, où se trouve le siège des organes de presse, qui portera cette plainte, mettant au passage dans l’embarras les pouvoirs publics. « Les pressions politiques ont été très fortes, Tripoli ayant menacé de fermer sa représentation au Maroc, explique une source bien informée. Il a fallu trouver un subterfuge, car seule une partie civile peut intenter des poursuites dans le cas d’un délit de presse. Les autorités ont dû endosser la plainte au motif d’outrage au dirigeant libyen. »
La Libye reproche notamment à un journaliste d’Al-Massae, Younes Meskine, d’avoir évoqué « le comportement puéril » de Kadhafi. Tripoli a également été offusqué par un éditorial d’Ali Anouzla, rédacteur en chef d’Al-Jarida al-Oula, qui dénonce la comédie politique du « Guide », sa mainmise sur les richesses nationales et le coup d’État qui l’a porté au pouvoir. Les journalistes risquent de deux semaines à deux ans d’emprisonnement et de 10 000 à 100 000 dirhams d’amende. « Nous envisageons de demander le report pour avoir le temps de préparer la défense », indique Me Hassan Semlali, avocat d’Al-Jarida al-Oula. Un report qui sera vraisemblablement accordé et dont la durée permettra de jauger la volonté de la justice d’apaiser la situation ou de répondre au plus vite aux exigences de la Jamahiriya. Le Réseau arabe pour l’information sur les droits de l’homme (ANHRI), ONG basée en Égypte, a dénoncé la volonté du « Guide » libyen d’accentuer ses pressions sur les journaux arabes, rappelant ses procès récents contre des titres algérien, Al-Chourouk, égyptiens, Sawt al-Oumma et Al-Doustour, et saoudien, Al-Watan.
