Chômage des jeunes : la grande menace
Un rapport de la Middle East Youth Initiative met en lumière les conséquences de la crise sur l’emploi des jeunes, sur fond d’inadaptation, voire de faillite du système éducatif.
La crise mondiale devrait frapper de plein fouet l’emploi des jeunes dans les pays du Maghreb et du Moyen-Orient, jusque-là relativement épargnés. C’est du moins la sombre conclusion d’une étude menée sur trois ans par la Middle East Youth Initiative (Meyi), un projet conjoint du Centre Wolfensohn pour le développement et de l’École de gouvernance de Dubaï. Lancée sur quatorze pays, du Maroc à l’Iran, cette enquête divise la zone Mena (Middle East/North Africa) en trois grands groupes. D’abord les pays « épargnants », qui ont profité de la dernière envolée des cours du pétrole pour se constituer un solide matelas de devises (essentiellement les pays du Golfe, au premier rang desquels l’Arabie saoudite). Viennent ensuite les États dits « dépensiers », qui ont affecté leurs réserves de change à des travaux d’infrastructure ou à des politiques sociales ou de soutien de la demande (Algérie, Iran). Enfin les pays « battants », qui, privés de recettes pétrolières, ont profité de la défunte croissance économique internationale pour mettre à niveau leur outil de production et accélérer leur intégration à l’économie mondiale (Égypte, Maroc, Jordanie).
Selon leur appartenance à l’un de ces trois groupes, les pays Mena pourront, à des degrés divers, amortir les convulsions de la crise, mais tous seront frappés par une croissance en berne et un chômage endémique des moins de 25 ans, qui, au niveau régional, représentent 60 % de la population.
« L’actuel retournement de conjoncture coïncide avec une pression démographique qui a atteint son pic », met en garde la Meyi, qui estime le taux de chômage moyen des jeunes de 15 à 24 ans de la région Mena à 25 %, contre 14 % au niveau mondial. En fait, note cette étude, les progrès macroéconomiques enregistrés ces dernières années sont indéniables, mais ils n’ont que très partiellement profité à une jeunesse souvent tentée de plonger dans le filet social des emplois publics et insuffisamment formée pour répondre aux besoins du secteur privé. Le manque de réformes, voire la faillite du système éducatif de ces pays, est d’ailleurs largement mis en cause pour expliquer l’impréparation de la jeunesse orientale et maghrébine aux défis de cette économie de crise. Ainsi, seuls trois pays (Jordanie, Liban, Tunisie) s’approchent du « niveau international moyen inférieur » pour l’enseignement des mathématiques en fin de secondaire.
Prenant l’exemple du Maroc, l’étude Meyi relève que si la croissance a été dynamique (+ 6 % en moyenne depuis dix ans), ses fruits n’ont pas été récoltés par la jeune génération vivant en milieu urbain, dont le chômage devrait s’envoler. Autre motif d’inquiétude, qui marque l’inadéquation du système éducatif avec les besoins de l’économie réelle, l’allongement de la durée du chômage des diplômés.
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