Algérie : des géants français peu pressés de bâtir
Afin de faire face à la pénurie de logements, les autorités multiplient les appels d’offres auprès d’entreprises étrangères. Mais les groupes tricolores ne se bousculent pas au portillon.
La pénurie de logements est un lieu commun, en Algérie. D’après les dernières estimations du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, elle atteint 1,5 million d’unités pour une population d’environ 36 millions de personnes. Conséquence de cette carence, il est courant de voir plusieurs générations cohabiter – surtout à Alger -, et les propriétaires exigent souvent de leurs locataires le paiement de un an de loyer à l’avance. Face aux critiques récurrentes, les autorités ont donc engagé de vastes programmes de construction. Le dernier en date, lancé en 2010, est censé permettre l’édification de plus de 2 millions de logements d’ici à 2014, moyennant un budget de 38,2 milliards d’euros.
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Ce « mégaprojet », selon le terme d’un acteur algérien du secteur, ne peut être réalisé sans l’aide d’entreprises étrangères, notamment chinoises. De fait, la capacité de production des groupes algériens n’est que de 83 000 logements par an, pour des besoins annuels de 225 000 unités. Ces derniers mois, des délégations étrangères (Égypte, États-Unis, Espagne, Indonésie, Italie, Portugal, Turquie…) se sont donc succédé à Alger pour négocier des partenariats avec des entreprises locales, conformément à la règle du 51/49, qui oblige les investisseurs étrangers à avoir un partenaire algérien majoritaire. Curieusement, les géants français du BTP que sont Bouygues, Eiffage et Vinci se sont illustrés par leur absence, peu enclins à investir ce marché. Officiellement parce que ces multinationales n’interviennent pas dans ce secteur en Algérie – sans exclure toutefois de le faire un jour.
Réputation
Officieusement, trois raisons peuvent être avancées. Tout d’abord, la faible rentabilité de telles activités : « Du point de vue des coûts, les prix algériens sont très concurrentiels », constate un observateur. Ensuite, la mauvaise réputation de l’Algérie en matière de paiement. Vinci et Colas Rail (groupe Bouygues) ont déjà rencontré des difficultés pour se faire payer par le passé – même si le premier exclut tout lien de cause à effet. Enfin, la règle du 51/49, qui paraît dissuasive. Pour Abdelkrim Selmane, le secrétaire général de l’Association générale des entrepreneurs algériens, « beaucoup d’entreprises européennes négocient des partenariats avec cette règle, mais les Français semblent réticents ».
Et d’ajouter : « Si demain des sociétés françaises veulent travailler en Algérie, elles seront les bienvenues et auront leur quota de logements à construire. » Une invitation destinée aux grands groupes, le chiffre d’affaires des entreprises françaises du bâtiment à l’export atteignant seulement 5,4 % en 2010, d’après les dernières estimations de la Fédération française du bâtiment.
Coup d’accélérateur dans les transports urbains
Tous trois ont été construits par Alstom. Mais si le tramway d’Alger est en service depuis mai 2011, celui d’Oran ne sera inauguré que le 1er mai prochain. Suivi en juillet par celui de Constantine. La RATP, via sa filiale RATP Dev, s’est associée avec deux partenaires locaux – l’Entreprise du métro d’Alger, Ema, et l’Entreprise de transport urbain et suburbain d’Alger, Etusa -, à travers la Société d’exploitation des tramways d’Algérie, la Setram. Celle-ci gérera tous les futurs tramways du pays et assurera leur entretien et leur maintenance (hormis à Alger). Six autres villes (Annaba, Batna, Ouargla, Mostaganem, Sétif, Sidi Bel-Abbès) vont en voir débuter les travaux cette année. Alstom espère remporter les appels d’offres. Quant au métro, la première ligne de celui d’Alger, aménagée notamment par Vinci, a été inaugurée en octobre 2011. La mise en service et l’exploitation sont assurées pour huit ans par RATP El-Djazaïr. Colas Rail, filiale de Bouygues, est chargé de l’extension de 4 km de cette ligne, avec un groupement local. R.B.
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