Abel Goumba

Figure historique de la République centrafricaine, l’ancien compagnon de route de Barthélemy Boganda s’est éteint le 11 mai à l’âge de 83 ans.

Publié le 20 mai 2009 Lecture : 1 minute.

C’est le genre de scène qui ne pouvait échapper à l’œil critique et ironique de celui qui, dans sa tête, avait conservé la fraîcheur d’un éternel étudiant. Samedi 9 mai, Abel Goumba, 83 ans, figurait parmi les VIP venus écouter le discours d’adieu du délégué de la Commission de l’Union européenne à Bangui, Jean-Claude Esmieu. Un testament un peu trop critique aux oreilles de deux ministres, qui ont quitté la salle en criant au scandale. Le soir même, Abel Goumba s’est senti mal. Hospitalisé à la clinique Chouaib, il décédera à l’aube du 11 mai, laissant tout un pays orphelin de « Maboko a Vuru » – « mains propres » en sango, un surnom qui, en Centrafrique, ne s’accorde pas à la légère…

Pendant plus d’un demi-siècle, sa vie fut un parcours du combattant. Contre le pouvoir colonial tout d’abord, en tant que plus proche collaborateur du père de l’indépendance, Barthélemy Boganda, puis contre le règne du parti unique et de l’arbitraire incarnés successivement par David Dacko et par Jean-Bedel Bokassa. Emprisonné puis exilé, Goumba poursuit en France des études de médecine entamées à Dakar, jusqu’à l’agrégation de santé publique obtenue en 1971. De retour à Bangui après la chute de l’empereur, il poursuit à la tête du Front patriotique oubanguien (qui deviendra « de progrès ») ses activités d’opposant inflexible à André Kolingba puis à Ange-Félix Patassé. Cinq fois candidat à la présidentielle, député de la Ouaka, recteur de l’université, plusieurs fois détenu, ce proche du Parti socialiste français accueille le coup d’État de François Bozizé, en mars 2003, comme une libération : « C’est un sursaut patriotique, une révolution », s’exclame-t-il. Nommé chef du gouvernement, il effectue à la primature un difficile passage de neuf mois qui ne restera pas dans les mémoires. Vice-président, puis médiateur de la République, ce père de quinze enfants était plus une référence morale qu’un gestionnaire. Avec lui disparaît la dernière figure historique de la République centrafricaine.

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