Maroc : la lutte pour l’Afrique de Addoha et Alliances
Le savoir-faire reconnu des groupes marocains dans la construction de logements sociaux crée de nouvelles opportunités pour les deux leaders chérifiens en Afrique subsaharienne où les besoins sont énormes.
Les relations économiques du Maroc avec l’Afrique subsaharienne ne se limitent ni aux accords de coopération signés récemment par le roi Mohammed VI, ni à l’implantation des grandes banques du pays dans la zone. Ces derniers mois, les deux premiers opérateurs immobiliers du royaume chérifien, cotés à la Bourse de Casablanca, se sont engouffrés dans la brèche de l’habitat social. Début décembre, Alliances Développement immobilier (ADI), dirigé et détenu par Mohammed Alami Nafakh Lazraq, a ainsi signé un partenariat avec la Côte d’Ivoire pour construire 7 000 logements sociaux, en plusieurs tranches, à Abidjan et dans ses environs. Le groupe Addoha a, lui, conclu un accord pour 2 600 logements dans la capitale ivoirienne, auxquels s’en ajouteront 5 000 autres, a annoncé Anas Sefrioui, le PDG du groupe, le 8 avril. En 2012, il avait déjà signé des conventions avec le Burkina Faso, le Cameroun, le Gabon et la Guinée pour y réaliser plusieurs programmes de construction. Sur place, des filiales locales du promoteur immobilier seront chargées des travaux. « Les chantiers débuteront dans quelques mois », assure Saad Sefrioui, le directeur, chargé de mission au sein du groupe Addoha et neveu du PDG.
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À Conakry, la capitale de la Guinée, Addoha réalise trois opérations de 4 000 logements au total, dont l’une a déjà commencé. Au Burkina Faso et au Gabon, 2 000 appartements témoins doivent sortir de terre. Au Cameroun, 1 500, à Douala et à Yaoundé. « Notre objectif est de construire 15 000 logements en Afrique d’ici à 2015, parmi lesquels 80 % de logements sociaux », confirme Saad Sefrioui. Ces contrats ne sont qu’un début, et le groupe, qui veut accroître ses activités sur le continent, vise des pays comme le Congo et le Niger. « Les contacts sont pris et les négociations progressent pour que nous soyons présents dans d’autres pays d’Afrique fin 2013 », affirme Saad Sefrioui. En Afrique subsaharienne, le déficit en logements est important et le nombre de constructions actuelles, entre 1 000 et 1 500 par an, ne permet pas de le combler.
Guichet unique
Addoha propose « des opérations clés en mains avec un guichet unique », explique Saad Sefrioui. Le guichet unique, lancé par le groupe au Maroc en 2003, est un lieu où le client aura accès aux services publics et aux banques. Il lui sera ainsi plus facile d’accomplir les formalités. Pour sécuriser l’accès à la propriété, Addoha travaille en partenariat avec les autorités locales. Par ailleurs, les banques marocaines – Attijariwafa Bank, Banque populaire, BMCE Bank – s’associent à l’entreprise pour le volet crédit à l’habitat, qui reste à développer en Afrique subsaharienne. « Elles sont sur place et nous accompagnent. Aussi leur expertise nous est-elle essentielle », explique Saad Sefrioui. Les appartements seront vendus à des prix abordables : entre 13,1 millions et 14,4 millions de F CFA (entre 20 000 euros et 22 000 euros). Et ce grâce notamment aux exonérations fiscales consenties par les États. Les fonctionnaires, dont les revenus sont fixes et réguliers, sont les premières cibles d’Addoha. L’objectif étant de proposer par la suite des habitations à d’autres catégories socioprofessionnelles.
Ciments de l’Afrique, l’autre corde à l’arc d’Anas Sefrioui
Dans ses projets de développement à l’international, le groupe d’Anas Sefrioui pourra compter sur ses futures cimenteries qui seront disséminées sur le continent. En 2011, il a ainsi créé la société Ciments de l’Afrique (Cimaf), distincte de la société Addoha. Et les projets sont nombreux. À Abidjan, en Côte d’Ivoire, la cimenterie commencera son activité en juillet. Sa capacité de production, de 500 000 tonnes, doublera en 2014. Non loin de là se trouvera une usine de sacs d’emballage, « dans laquelle nous avons investi 12 millions d’euros », a affirmé le patron marocain le 8 avril. Elle fabriquera chaque année 120 millions de sacs, dont 10 millions seront destinés au marché local. Conakry en aura aussi une, dont la production sera lancée en septembre. Un centre de broyage dans la zone industrielle de Dubréka et une aire de stockage au port sont en construction. La cimenterie de Douala ouvrira en novembre. L’année prochaine, les Cimaf se déploieront au Burkina Faso, au Congo, au Gabon et au Niger. L’objectif est de mettre en service 10 cimenteries d’ici à 2015. « Il s’agit de stabiliser les prix des matériaux de construction, de garantir leur qualité et de sécuriser l’approvisionnement », conclut Saad Sefrioui, neveu et conseiller du président des Cimaf. R.B.
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