Confidences de… Jeronimo Osa Osa Ekoro
Ministre de l’Information, de la Culture et du Tourisme, porte-parole du gouvernement équato-guinéen
Jeune Afrique : Vous venez d’assister au lancement de la chaîne Africa 24 à Paris. Pourquoi la Guinée équatoriale soutient-elle ce projet ?
Jeronimo Osa Osa Ekoro : Notre intérêt est d’accompagner un outil de communication moderne entièrement dédié aux Africains qui leur permette d’être informés en permanence de l’actualité de leur continent. Toutes les grandes zones du monde sont aujourd’hui dotées d’une chaîne d’information en continu. Il était impensable que l’Afrique ne puisse à son tour bénéficier d’un tel média.
Comment garantir l’indépendance de cette chaîne ?
Son budget s’élève à 50 millions d’euros avec une quote-part significative de notre pays et d’autres États. Cela ne doit pas pour autant altérer l’indépendance de la chaîne. C’est un principe que nous devons respecter. Inversement, cette chaîne doit traiter l’information objectivement et non de manière partiale.
En sait-on plus sur les circonstances de l’attaque le 17 février dernier du palais présidentiel de Malabo ?
Les enquêtes se poursuivent. Il s’agit principalement de bandits nigérians animés par des intérêts lucratifs. L’opération était trop peu préparée pour laisser penser à une tentative de coup d’État. Mais, compte tenu du symbole visé, on peut penser à une tentative de déstabilisation.
Confirmez-vous l’existence de complicités internes ?
Il y a eu des contacts avec des Équato-Guinéens, dont certains appartiennent à des partis de l’opposition. La justice fera la lumière sur cette affaire.
D’aucuns prétendent que votre pays profite de cet assaut pour inquiéter l’opposition…
C’est complètement absurde. Quelles raisons aurions-nous de persécuter l’opposition ? Il y a un parti au pouvoir (le Parti démocratique de Guinée équatoriale, NDLR) dont les bases sont très solides. Pensez-vous que nous ayons besoin de tracasser l’opposition de peur qu’elle nous affaiblisse ? Notre combat passe par les urnes et le débat démocratique.
Comment réagissez-vous aux plaintes en France visant plusieurs chefs d’État, dont Teodoro Obiang Nguema ?
Elles sont injustes et inacceptables. D’abord, nous nous étonnons qu’elles ne concernent que des chefs d’État africains. Comme si ailleurs dans le monde, à commencer par l’Europe, il n’y avait pas matière à suspicion. Ensuite, il faut savoir que le président de la République ne possède qu’une seule villa en France. Comme des millions de Français ! Nous ne pouvons tolérer cette mise en cause.
Que ferez-vous si l’appel du parquet est rejeté ?
Cela dépendra de cette décision, mais nous invitons d’ores et déjà les responsables de Transparency International à Malabo pour qu’ils puissent vérifier la façon dont nous gérons nos ressources pétrolières. Celles-ci sont inscrites au budget de l’État et sont parfaitement vérifiables, notre pays ayant adhéré à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (EITI).
Ces plaintes vont-elles refroidir les relations avec Paris ?
Certaines sensibilités peuvent être blessées et cela pourrait susciter une perte de confiance, ce qui n’est pas le cas actuellement. Mais lorsque certains intérêts sont touchés, le climat peut être moins serein.
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