3 questions à… Andrea Riccardi

Fondateur de la Communauté de Sant’Egidio

Publié le 20 mai 2009 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : On vous accuse d’être le bras séculier du Vatican…

Andrea Riccardi : Cela ne serait pas choquant mais ce n’est pas vrai. Tout simplement parce que les papes successifs ne nous l’ont jamais demandé et que nous ne leur avons jamais proposé. La Curie mène une diplomatie séculaire avec une approche et un mode bien particuliers. Ce qui ne nous empêche pas d’échanger avec le saint-père et tous ses représentants. On nous a également reproché de représenter les intérêts d’une diplomatie italienne qui se désintéresse du continent. C’est encore faux. On tient les autorités informées de nos activités et des visites que nous recevons à notre siège, ce qui semble normal puisque nous résidons à Rome. 

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On vous reproche aussi de discuter avec des criminels. L’archevêque d’Alger, Henri Teissier, a eu des mots très durs – « les amis de Sant’Egidio sont ceux qui nous ont tués » – pour parler de l’échec de votre médiation.

Oui, nous sommes capables de discuter avec des pires chefs de guerre lorsqu’il s’agit d’épargner des vies humaines. Cela fait partie du jeu de la paix. J’ai vu la conversion de rebelles au Mozambique. En 2000, j’étais ému qu’ils fassent leur entrée au Parlement, abandonnant la lutte armée pour le combat politique. On a fait notre devoir en Algérie, même si le texte n’a pas été appliqué à l’époque. J’ai vu Jean-Paul II, qui paraissait embarrassé : « La deuxième section de la secrétairerie d’État n’est pas contente de votre intervention », m’a-t-il dit. Je lui ai expliqué que la crise algérienne avait déjà provoqué 40 000 morts et que l’on se devait d’explorer tous les moyens de rétablir la paix. Il ne savait pas qu’il y avait autant de victimes. « Alors il faut tout tenter », a-t-il conclu. 

Vous portez un regard très sévère sur le rôle de la France en Afrique, plus particulièrement sur le dossier ivoirien…

Je ne dirais pas cela. Nous avons toujours eu des relations de coopération avec la France. Mitterrand était même convaincu que la plate-forme sur l’Algérie devait être prise en compte lors d’une conférence internationale : il l’avait déclaré publiquement lors d’une réunion bilatérale avec le chancelier Kohl. Cela nous confortait dans nos actions. Le président Jacques Chirac nous a également invités dans le huis clos de Marcoussis. La « Françafrique » et ses réseaux existent toujours sur le continent, mais l’Élysée ne voit pas Sant’Egidio comme un concurrent remettant en cause son influence. D’ailleurs, ce serait ridicule ! Au moins, en France, il y a encore un intérêt réel pour le continent, ce qui n’est pas le cas des autres pays d’Europe. 

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