Souleymane Ndéné Ndiaye
C’est un outsider qui hérite de la primature. Un fidèle du chef de l’État qui a toutefois su conserver sa liberté de parole.
Alors que nul ne l’attendait, il a fini par rafler la mise. Après avoir songé à nommer Mamadou Seck, maire de Mbao et président de l’Assemblée nationale, puis Habib Sy, édile de Linguère et ministre des Transports aériens, le chef de l’État sénégalais, Abdoulaye Wade, a finalement porté son choix, le 30 avril, sur l’ex-ministre d’État chargé de l’Économie maritime, Souleymane Ndéné Ndiaye, pour remplacer, au poste de Premier ministre, Hadjibou Soumaré, qui a demandé à partir pour raison de santé.
Allure impressionnante (1,98 m pour un peu moins de 100 kg), voix forte, humeur conviviale… Souleymane Ndéné Ndiaye est un fidèle parmi les fidèles de Wade, l’un de ses lieutenants lors de la guerre qui l’a opposé entre 2003 et 2007 à son ex-Premier ministre, Idrissa Seck.
Doté d’une grande liberté de parole, il est l’un des grognards de la formation au pouvoir, le Parti démocratique sénégalais (PDS), dans laquelle il milite depuis 1978. Connu pour son hostilité à la Génération du concret, le mouvement dirigé par le fils du chef de l’État, Karim Wade, il est l’un des rares à oser dénoncer son emprise grandissante sur les affaires de l’État. Souleymane Ndéné Ndiaye est un rebelle qui, dans ses jeunes années, a milité dans la très contestataire Ligue communiste des travailleurs (LCT). Fils de Modou Fall, un ancien tirailleur sénégalais devenu responsable du Parti socialiste (PS, au pouvoir de 1960 à 1980), ex-adjoint au maire de Guinguinéo, le jeune Souleymane décide de suivre Abdoulaye Wade, alors dans l’opposition. Mais sans jamais renoncer à sa liberté. Devenu maire de Guinguinéo en juin 2002, il y invite, début 2008, Macky Sall, au plus fort de la brouille entre ce dernier et Wade. « Vous êtes mon patron politique, mais Macky Sall est un ami, dit-il en guise d’explication au chef de l’État. Je trouve naturel de le convier à la finale d’un tournoi de lutte organisé en mon honneur dans la commune que je dirige. » Au lendemain de la débâcle électorale du PDS aux locales du 22 mars dernier, il récidive, prenant l’initiative, sans en avertir Wade, de rencontrer Macky Sall, qui a basculé dans l’opposition, et d’évoquer son éventuel retour dans le giron présidentiel. Avant de rendre compte de sa démarche au chef de l’État.
Dans l’équipe présidentielle, Souleymane Ndéné Ndiaye ne fait rien comme les autres. Cette caractéristique tient sans nul doute à la particularité de son parcours. Né en août 1958 à Kaolack, il a pour grand-père maternel Ndéné Diogop Diouf, 45e roi du Saloum, qui régna neuf ans sur ce royaume de 1902 à 1911. Fier de ses origines, il n’hésite pas à exhiber à son interlocuteur une liste des « Bour Saloum » depuis Mbégane Ndour, monté sur le trône en 1493, et à égrener son arbre généalogique.
Neveu direct de Valdiodio Ndiaye, le premier ministre de l’Intérieur du Sénégal arrêté en 1962 avec le président du Conseil, Mamadou Dia, il est devenu avocat par admiration pour lui. Ayant décroché son certificat d’aptitude à la profession d’avocat (Capa) sur le tard, en 1993, treize ans après l’obtention de son bac, Souleymane Ndéné exerce peu ce métier. Wade en fait son porte-parole au lendemain de son arrivée aux affaires, en mars 2000. Puis il gravit les échelons : ministre conseiller du président de la République en avril 2004, directeur du cabinet présidentiel en mars 2005, ministre d’État chargé de l’Environnement en juin 2007, puis de l’Économie maritime en juillet 2007. Devenu Premier ministre, flanqué du ministre d’État Karim Wade (Infrastructures, Transports aériens, Aménagement du territoire et Coopération internationale), il tient d’emblée à marquer son territoire. « Contrairement à ce que j’ai lu ici et là, Karim est un ministre comme les autres », confie-t-il à J.A. Avant d’ajouter : « J’ai de bons rapports avec lui, mais je ne suis pas de son mouvement. J’ai un seul patron politique : Abdoulaye Wade. »
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