Ad vitam aeternam

Au lieu de perdre son temps à philosopher – sans grand intérêt – sur l’islam, le pape Benoît XVI devrait chercher conseil auprès de certains imams : ils le brieferaient gratuitement sur la meilleure manière de parler du préservatif sans choquer.

Publié le 27 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Le salafiste marocain Mohamed Al Maghraoui, notamment, est passé maître de la question. Après avoir recommandé de marier les filles dès l’âge de 9 ans, celui-ci a récemment lancé une notion censée rehausser le civisme de la société et épargner à l’humanité tous ses maux, dont le sida. Cette panacée s’appelle la « culture de la vertu » (ou « de la pureté ») – thaqafi al iffa, en arabe.

C’est un internaute laïque qui m’a mise au parfum. Il venait de découvrir la théorie de notre salafiste dans le journal islamiste Attajdid, et l’a aussitôt transmise à sa tribu sur le Net. La voici : « Celui qui observe le combat contre le VIH/sida mené par le monde associatif constate que ce dernier ne tient pas compte [dans son raisonnement, NDLR] de la dimension religieuse du problème. L’expérience montre que les moyens classiques se révèlent incapables de contrer le virus, alors que la culture de la vertu est efficace pour limiter l’épidémie. Or, si nous essayons de capitaliser notre identité musulmane et d’utiliser ce qui la distingue en termes d’éducation sexuelle saine et d’encouragement au mariage précoce [sic], nous réussirons là où les autres ont échoué. »

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Vous avez compris ? C’est très simple. Il s’agit de promouvoir une morale de rigueur en ce qui concerne le comportement sexuel. En clair : ne pas batifoler avant le mariage, ne pas dormir ailleurs que dans le lit conjugal, se marier à la puberté – voire avant –, ne pas s’adonner à des relations avec le même sexe. Résultat espéré : prémunir la société contre tous les maux occidentaux, qui correspondraient à la « culture de la débauche ». Car l’Occident, comme chacun sait, encourage les relations hors mariage, la sexualité sans contrat, la non-virginité, le célibat prolongé, l’homosexualité et tant d’autres comportements qui provoquent l’adultère, la prostitution, et, bien entendu le sida… CQFD. En plus, notre salafiste n’est pas le seul à le dire, puisque le Vatican l’affirme aussi !

J’ai répondu à l’internaute laïque. Je l’ai taquiné en disant que, à la limite, nous n’étions personnellement pas concernés. « Nous sommes chacun mariés, plus très jeunes, et qui plus est sans tendance homosexuelle. » « Oui mais, et les autres ? m’a-t-il répliqué. Imaginons le monde régi par nos adeptes des religions… Voile et non-mixité, couples mariés ad vitam aeternam, procréation obligatoire, vierges de neuf ans mariées en cortège… » « Nous n’aurons plus ces maux exprimant le courroux de Dieu comme le sida », lui ai-je rétorqué, toujours pour le taquiner. L’internaute s’est fâché : « Quelle vie ! Le monde serait si sage et si ennuyeux que Dieu lui-même n’y trouverait plus aucun intérêt et qu’Il songerait peut-être à abolir l’éternité, cette retraite insipide. » J’ai adoré « l’éternité, cette retraite insipide ». Et pour le reste, je vous laisse juges…

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