Fès, la mystique
Du 18 au 25 avril, la ville impériale marocaine accueillait le troisième festival de la culture soufie.
La troisième édition du Festival de Fès de la culture soufie, qui s’est tenue du 18 au 25 avril, était placée sous le signe de l’évasion. Pendant une semaine, le public a voyagé de l’Inde au Pakistan, en passant par la Syrie, l’Indonésie ou le Sénégal, pour découvrir les multiples facettes d’une culture ancestrale : le soufisme.
Cette doctrine ésotérique de l’islam, habitée par la quête de la sagesse, s’est aussi distinguée à travers les siècles comme la source d’une inépuisable créativité politique, intellectuelle et artistique. Et quelle ville, mieux que Fès, pouvait mettre à l’honneur les arts et la spiritualité ?
C’est dans les ruelles chargées d’Histoire et de mystère de la médina que les festivaliers entament leur parcours initiatique. Dans l’enceinte du palais Batha, sous les lourdes branches d’un arbre centenaire, l’artiste syrien Omar Sermini et le Marocain Saâd Temsamani interprètent des samâa (chants sacrés) d’Orient et d’Occident. Le public conquis est plongé dans le recueillement. L’entrée sur scène d’un derviche tourneur, emporté dans sa transe mystique, vient rappeler que la musique, moyen privilégié d’accéder au monde divin, constitue dans la culture soufie une pratique religieuse à part entière.
Mais pour Faouzi Skali, organisateur du festival et anthropologue, pas question de s’en tenir à la vision purement folklorique. « Le soufisme a toujours su établir des passerelles entre l’Orient et l’Occident et entre passé et présent », explique-t-il. C’est pourquoi il a tenu, cette année encore, à inviter le slameur franco-congolais Abd Al Malik. Initié au soufisme depuis plusieurs années et amoureux du Maroc, Abd Al Malik est venu apporter sa touche de modernité au festival.
Pendant cette semaine de festivités, les participants ont aussi pu assister à de nombreuses tables rondes autour de thèmes d’actualité. Hommes politiques, intellectuels et artistes de toutes origines ont débattu de la crise alimentaire, de l’avenir du capitalisme ou encore du rapport du corps à l’esprit. Pour Faouzi Skali, « il existe une vraie complémentarité entre les aspects culturels et artistiques et les tables rondes. Cela permet de lier des questions d’actualité à une profondeur de champ culturelle et artistique ».
Bariza Khiari, sénatrice socialiste de Paris, soutient cette initiative. « Depuis le 11 septembre 2001, on a en Occident une vision très caricaturale de l’islam. C’est à travers ce genre de manifestations que l’on peut faire évoluer les mentalités. » À l’heure où la crise occupe les esprits et où plus que jamais les sociétés sont en quête de sens, ce rendez-vous apporte, en toute modestie, sa pierre à l’édifice et fait entendre d’autres voix.
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