Jacques Fumunzanza Muketa

Auteur de Kinshasa, d’un quartier à l’autre*

Publié le 28 avril 2009 Lecture : 1 minute.

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Kinshasa au-delà des clichés

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Jeune Afrique : Comment définissez-vous un Kinois ?

Jacques Fumunzanza Muketa : Pour moi, le Kinois c’est celui qui habite de façon permanente la capitale, depuis un certain nombre d’années, qu’il y soit né ou pas. Produit généralement de l’exode rural, il arrive à s’adapter au mode de vie urbain, ce qui ne l’empêche pas de se souvenir toujours de son lieu de départ. Après, on peut distinguer plusieurs types de Kinois, en fonction de leur engagement dans la culture, la politique ou le sport. 

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Le Kinois est-il différent des autres Congolais ?

Oui, forcément. Il symbolise la modernité à laquelle tous ceux qui viennent du monde rural ou semi-rural aspirent, et devient un modèle pour ses compatriotes vivant dans l’arrière-pays. Le Kinois n’est pas pour autant coupé de ses racines et a souvent la nostalgie de son milieu d’origine car, tout compte fait, Kinshasa n’est pour lui qu’un lieu de passage de l’ascension sociale.

Tous les Kinois sont convaincus que, malgré tous ses mirages, Kinshasa est une ville cruelle où seuls les plus forts, les plus entreprenants s’en sortent. D’où cette habitude de penser « débrouillardise » lorsqu’on parle d’un Kinois. On peut dire que la débrouillardise – le fameux « article 15 », comme disent les Congolais en riant – est kinoise, dans la mesure où les gens parviennent à survivre dans des conditions très difficiles. 

Qu’en est-il de l’arrogance des habitants de la capitale ?

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Le Kinois n’est pas un personnage hautain. Il est plutôt affable, sociable, jovial, et adopte facilement ses compatriotes qui viennent de l’intérieur du pays. La preuve en est que, dans le langage populaire, les Kinois disent « famille » quand ils s’adressent à quelqu’un d’autre. Ils disent aussi « tonton » ou « tantine » à tout le monde.

Néanmoins, il reste vrai que, à la fin des années 1970 en particulier, quelques Kinois de naissance se désolaient de voir les bawuta (« ceux qui sont venus », en lingala) réussir à leur détriment. Mais ce n’était là qu’un phénomène marginal. 

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* Kinshasa, d’un quartier à l’autre, Editions L’Harmattan, Paris, 2009, 336 pages.

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