De guerre lasse
C’est le triomphe de Ramzan Kadyrov. Après des semaines d’intense lobbying auprès du Kremlin, le président tchétchène a obtenu ce qu’il voulait : le 16 avril, les autorités russes ont annoncé la fin de l’opération antiterroriste lancée en Tchétchénie il y a dix ans. Même si quelques combats sporadiques se poursuivent, près de 20 000 militaires et policiers fédéraux déployés dans la petite république du Caucase devraient se retirer. La rébellion indépendantiste a été matée après deux guerres (1994-1996 et 1999-2002), la liquidation de ses chefs emblématiques et près de 100 000 morts.
Lorsqu’il a succédé à son père, Akhmad Kadyrov, assassiné en 2004, Ramzan n’était qu’un fils à papa et une brute épaisse. Très vite, ses 7 000 sbires, qui agissaient en supplétifs des forces russes, ont fait régner la terreur : enlèvements, meurtres, torture… Au total, 20 % de la population a été anéantie. Ce qui explique que les survivants se résignent à la paix imposée de Moscou et « gérée » par un Ramzan devenu, à 32 ans, un habile « petit père du peuple ».
Avec le retrait russe, il contrôle la quasi-totalité des forces armées de la région. Il peut décréter n’importe quoi, encourager la polygamie, faire assassiner ses opposants jusqu’à Dubaï ou Istanbul, Moscou lui passe tous ses caprices, pourvu qu’il maintienne la république de Tchétchénie dans la Fédération de Russie. Mission accomplie.
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