Une élection controversée

Boshab Mabudj, 53 ans, avait souhaité le départ de Vital Kamerhe. Depuis le 18 avril, au terme d’un scrutin très disputé, il occupe son poste au perchoir de l’Assemblée.

Publié le 28 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Ses ennemis disent de lui qu’il est « brutal », ses amis admettent qu’il « peut être colérique ». On le dit travailleur et appliqué à la tâche. On dit surtout à Kinshasa qu’il doit son élection à une vague de corruption. Ce que son camp admet à demi-mot.

Evariste Boshab Mabudj, professeur de droit public et avocat, marié et père de quatre enfants, originaire du territoire de Mweka, au Kasaï-Occidental (Centre), se retrouve à la fin des années 1990 dans les allées du pouvoir grâce à un de ses camarades de promotion, Me Jean Mbuyu Luyongola, à l’époque directeur de cabinet de Laurent-Désiré Kabila. C’est dans ces conditions que Boshab rencontre Augustin Katumba Mwanke, éminence grise du régime, dont il est très proche aujourd’hui, et qu’il adhère au Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD).

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Dès 2001, après l’arrivée au pouvoir de Joseph Kabila, Boshab est nommé directeur de cabinet adjoint puis, en octobre 2002, directeur de cabinet, poste qu’il occupera jusqu’en novembre 2004. Selon Me Mbuyu, « c’est un homme discipliné, déterminé, organisé et très concentré sur ce qu’il fait. Il est constant dans ses engagements. Excellent chef de cabinet, plus administratif que politique, Boshab, qui a toujours une lecture juridique des choses, avait réussi à faire signer beaucoup de textes importants au chef de l’État. » En novembre 2004, à la suite d’une affaire de détournement de fonds dans laquelle son nom est cité, Boshab est poussé à la démission. Il attendra deux ans pour revenir sur la scène politique après son élection comme député national à Mweka. En 2007, il devient secrétaire général du PPRD.

Dans son propre camp, le nouveau président de l’Assemblée nationale ne fait pas l’unanimité. Pour certains, ce n’est pas un meneur d’hommes « parce qu’il n’a pas le courage de prendre seul une décision et de l’assumer sans en référer au chef ». D’autres le qualifient d’« extrémiste », même s’ils reconnaissent ses qualités de « grand travailleur » et d’« intellectuel ». Doit-il son élection au pouvoir de l’argent comme on le raconte à Kinshasa ? « Les billets verts ont peut-être circulé dans la majorité comme dans l’opposition, mais ce n’est pas l’essentiel, estime Atundu Liongo, membre de l’alliance au pouvoir. C’est récurrent dans notre vie politique. L’élément déterminant, à mon avis, était la crainte d’une dissolution de l’Assemblée nationale si l’opposition l’avait emporté. Cette élection est une réponse cinglante à ceux qui prétendent que la majorité a un problème de leadership. » Dans l’opposition, on accuse la majorité d’avoir distribué des « cadeaux », tout en niant en avoir profité. « Ma campagne pour la présidence de la Chambre basse m’a coûté 1 800 dollars, offerts par des amis. Je n’ai rien reçu du PPRD », affirme Gilbert Kiakwama kia Kiziki, président du groupe parlementaire des chrétiens démocrates. « Ce pouvoir est majoritaire à l’Assemblée mais minoritaire dans l’opinion. Qui a fêté l’élection de Boshab dans les rues de Kinshasa ? » lance-t-il.

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