Khalifa Ababacar Sall, maire de Dakar

Issu de l’opposition, ce socialiste de la première heure va inaugurer une nouvelle forme de cohabitation.

Publié le 28 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Le nouveau maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall, élu par les conseillers municipaux le 18 avril à une forte majorité (81 voix sur 94), n’est pas un novice. Même si sa silhouette athlétique et son allure juvénile, malgré ses 53 ans, lui donnent l’air d’un débutant, son assurance et son éloquence ne laissent aucun doute sur la personnalité et l’expérience de ce militant socialiste de la première heure.

Khalifa Ababacar Sall n’a que 13 ans lorsqu’il fait son entrée en politique. « J’avais été très marqué par les manifestations de mai 1968. Quand j’ai su pourquoi les gens s’en prenaient à Senghor [premier président du Sénégal, NDLR], j’ai été révolté et j’ai voulu le soutenir », se souvient Sall, qui rallie alors l’Union progressiste sénégalaise (UPS, ancêtre du Parti socialiste actuel). Moustapha Niasse, puis Djibo Leity Kâ, deux figures emblématiques du PS qui ont quitté le parti à la fin des années 1990 pour créer chacun sa formation, remarquent l’adolescent volontaire. « Ce sont des grands frères. Ils ont forgé ma conscience politique et m’ont appris à me battre pour mon pays », soutient Sall. Contrairement à plusieurs de ses camarades qui ont rejoint « les prairies bleues [couleur du Parti démocratique sénégalais, PDS, au pouvoir] » après la victoire d’Abdoulaye Wade à la présidentielle de 2000, cet universitaire titulaire de deux maîtrises (histoire et droit constitutionnel), fort d’une relation privilégiée avec l’ex-chef de l’État Abdou Diouf, resté fidèle au socialisme. « Je ne connais ni le renoncement ni le reniement », martèle celui qui, selon des observateurs, pourrait vite faire de l’ombre à Ousmane Tanor Dieng, le premier secrétaire du PS. Analyse qu’il rejette, évidemment. « Il n’y a pas de problème de leadership. Tanor a été élu à la tête du PS et je continuerai de le soutenir. »

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Il rappelle sa priorité en politique : la reconstruction du PS, ébranlé par sa défaite en 2000, et la consolidation des acquis de Benno Siggil Sénégal, BSS, coalition dont fait partie le PS et qui a remporté plusieurs mairies importantes lors des élections locales. Mais, des priorités, il en a plusieurs. À peine installé, Sall, qui a été adjoint au maire de Dakar Mamadou Diop de 1984 à 2001, député et ministre, dit vouloir mettre de l’ordre dans la gestion de la mairie, dont le budget est de 44 milliards de F CFA. « Je viens de découvrir 7 milliards de F CFA de dépenses engagées non mandatées », dénonce-t-il…

Sa tâche sera difficile. Sall est au cœur d’une configuration politique inédite au Sénégal, un maire de la capitale confronté à un pouvoir central a priori hostile. Il assure de son côté qu’il est prêt à travailler avec le président et le gouvernement « en toute intelligence ».

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