Tortures : Made in America

Rendue publique le 21 avril par un rapport du Sénat, la liste des techniques d’interrogatoire utilisées par la CIA sous la présidence de George W. Bush à l’encontre des détenus islamistes de Guantánamo, Bagram, Abou Ghraib, mais aussi de l’archipel carcéral planétaire où les agents américains torturaient les membres et sympathisants (ou supposés tels) d’Al-Qaïda, est effrayante de sophistication et de perversité.

Publié le 27 avril 2009 Lecture : 1 minute.

Encadrées par un dispositif juridique taillé sur mesure, explicitement approuvées dès le début par le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld, le vice-président Dick Cheney, le président lui-même, ainsi que sa conseillère à la Sécurité Condoleezza Rice, mais aussi, implicitement, par des personnalités aussi respectables que Colin Powell, ces méthodes issues de l’armée américaine et désormais détaillées sur Internet n’ont rien à envier à celles qu’emploie n’importe quelle dictature à travers le monde – sauf que l’issue du supplice ne doit jamais être fatale. Florilège.

• Noyade (« waterboarding ») : technique classique dite de la baignoire, la tête maintenue sous l’eau pendant 40 à 50 secondes. Khaled Cheikh Mohammed, pointure d’Al-Qaïda, a subi cette torture à 183 reprises pendant le seul mois de mars 2003. Abou Zoubeida, 83 fois.

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• Privation de sommeil : jusqu’à 96 heures d’affilée. Le détenu est maintenu debout, le plus longtemps possible, muni de couches-culottes pour éviter qu’il ne salisse le sol.

• « Walling » : le prisonnier est projeté contre un faux mur, qui ploie sous le choc. Puis giflé. But : entretenir le sentiment de peur et humilier.

• Confinement : jusqu’à 18 heures consécutives. Le détenu est enfermé dans un conteneur surchauffé, parfois si étroit qu’il ne peut se mouvoir, et totalement obscur. En complément et si le suspect a la phobie des insectes, on y introduit des chenilles, des araignées, des blattes.

• Nudité : le détenu est entièrement déshabillé, placé debout à 1,50 m d’un mur avec interdiction de bouger, les mains liées derrière le dos afin que ses parties intimes soient exposées aux regards des gardiens et de ses camarades.

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Interrogé, Dick Cheney a eu ce commentaire : « Il y a d’autres documents qui montrent ce que nous avons obtenu avec ces méthodes. » Un demi-siècle plus tôt, les tortionnaires de la guerre d’Algérie ne disaient pas autre chose. Rapport du général Jacques Massu à sa hiérarchie, juin 1957 : « La justification des procédés employés se trouve dans les résultats obtenus. »

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