Crise mondiale: au tour de l’Afrique

Les réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, qui se sont tenues à Washington entre le 20 et le 27 avril, l’ont confirmé : la crise fait moins de ravages en Afrique et au Moyen-Orient qu’ailleurs. Du moins en apparence.

Publié le 27 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Les 4 000 milliards de dollars que, selon les chiffres annoncés par le FMI le 20 avril, les établissements financiers du monde entier auront perdus entre 2007 et 2010 ne les concernent pas. En effet, leurs banques n’ont pas joué avec les produits « toxiques », qui plombent les bilans aux États-Unis comme en Europe.

L’analyse du « Panorama économique mondial », publié le 21 avril par le Fonds, confirme la résistance du continent africain à la crise. En 2009, la récession devrait atteindre – 1,3 % au plan mondial, avec des pointes à – 3,8 % dans les économies avancées, – 2,8 % aux États-Unis, – 5,6 % en Allemagne, – 3 % en France, – 6,2 % au Japon et – 6 % en Russie.

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En comparaison, les 2 %de croissance annoncés pour l’Afrique tout entière (1,7 % pour l’Afrique subsaharienne) et les 2,5 % pour le Moyen-Orient semblent une prouesse.

Certes, l’Asie émergente fait mieux (+ 4,8 %), entraînée par la Chine, dont la croissance ralentit mais reste dynamique (+ 6,5 %), et l’Inde (+ 4,5 %).

La reprise pourrait se produire en 2010, avec + 3,9 % pour l’Afrique (+ 3,8 % au sud du Sahara) et + 3,5 % au Moyen-Orient.

Si l’on détaille les situations nationales, les récessions sont l’exception et ne durent pas plus d’une année. Sur le continent africain, les pays dans le rouge se trouvent au Sud : Afrique du Sud (– 0,3 % en 2009 et + 1,9 % en 2010), Angola (– 3,6 % et + 9,3 %) et Botswana (– 10,4 %, puis + 14,3 %).

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Dans un Maghreb qui fléchit à peine, c’est le Maroc (+ 4,4 % en 2009 comme en 2010) qui caracole en tête. Au Moyen-Orient, seuls l’Arabie saoudite (– 0,9 %, puis + 2,9 %), les Émirats (– 0,6 %, puis + 1,6 %) et le Koweït (– 1,1 %, puis + 2,4 %) seront en récession.

Il n’empêche : les courroies de transmission de la crise aux économies africaines commencent à faire sentir durement leurs effets. Le ralentissement de la demande dans les pays développés provoque la chute des exportations des produits de base dont sont riches les pays miniers et pétroliers, comme le confirme le recul de 11 % du commerce international annoncé par le FMI.

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Les transferts de fonds des travailleurs émigrés se raréfient pour la première fois depuis des décennies (– 4,4 % en 2009 selon la Banque mondiale). Et les investissements étrangers se tarissent ; pis, ils quittent l’Afrique pour regagner les établissements financiers occidentaux, qui ont besoin de rapatrier des liquidités afin de survivre à la récession.

Parmi les pays qui pâtiront le plus de cette inversion des flux financiers, le FMI cite le Ghana, le Kenya, l’Afrique du Sud et la Tunisie.

« La crise a commencé à se faire sentir en janvier-février, affirme Shantayanan Devarajan, économiste en chef pour l’Afrique à la Banque mondiale. Elle va avoir des effets dramatiques. Le recul de deux ou trois points du produit intérieur brut de ces pays peut sembler mineur, mais il causera des dégâts humains considérables parce que, à la différence des Américains ou des Européens, les Africains n’ont pas d’espoir d’amélioration à court ou à moyen terme. »

« Si cette récession ressemble aux précédentes, 700 000 enfants africains mourront avant l’âge d’un an, chaque année que durera la crise, ajoute Devarajan. Parce qu’ils auront moins à manger, que les services de santé fonctionneront moins bien, que l’eau potable et l’assainissement feront défaut, que leurs parents prendront moins soin d’eux pour se consacrer à leur emploi, indispensable pour la survie de leur famille, etc. »

Sans l’aide publique et privée des pays du Nord, point de salut, donc, pour ce continent qui croyait, depuis 1995, être enfin récompensé de ses réformes par un décollage économique de bon augure. C’était sans compter avec les folies financières des pays dits développés…

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