Durban II : le one-man show d’Ahmadinejad

L’histoire ressemble à la chronique d’un désastre annoncé. La conférence des Nations unies contre le racisme, dite « Conférence de Durban II », organisée à Genève du 20 au 24 avril, a viré à la foire d’empoigne et s’est achevée sur fond de polémiques et de boycotts.

Publié le 27 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Boycotts américain, israélien, canadien, italien ; retraits australien, néo-zélandais, néerlandais, allemand, polonais et tchèque : d’entrée, les Occidentaux, qui avaient pourtant travaillé ces dernières semaines à l’élaboration du texte final, ont choisi de torpiller la réunion pour dénoncer une « farce tragique » faite d’amalgames inacceptables entre sionisme et racisme et de stigmatisation de l’État d’Israël.

Mahmoud Ahmadinejad, le président iranien, s’est, lui, chargé de porter le coup de grâce, dès l’ouverture des travaux, en fustigeant l’établissement, « après 1945 », d’un gouvernement « raciste » et « illégitime » en Palestine. Une sortie soigneusement calculée, qui a immédiatement provoqué le départ des représentants des pays de l’Union européenne qui avaient choisi d’assister malgré tout à la conférence.

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Il y aurait sans doute beaucoup à dire sur le discours d’Ahmadinejad. Mais, quoi qu’en disent ses détracteurs, ses propos sur le régime « cruel et répressif » imposé à des Palestiniens victimes expiatoires de l’histoire européenne prenaient une résonance particulière après les images choquantes de la guerre de Gaza, le triomphe aux législatives de la coalition extrémiste emmenée par Benyamin Netanyahou et l’accession au ministère des Affaires étrangères d’Avigdor Lieberman, partisan déclaré de l’expulsion du million d’Arabes israéliens, accusés de corrompre le caractère juif de l’État d’Israël… 

Paragraphes expurgés

Seul chef d’État à avoir fait le déplacement à Genève et premier orateur à s’exprimer, le président iranien était sûr de monopoliser l’attention des médias. De ce point de vue, son discours, moins destiné à ses compatriotes qu’à une opinion musulmane frustrée par la veulerie de ses propres dirigeants, a fait mouche. Mais la polémique qu’il a provoquée a évidemment escamoté le résultat de la conférence. Expurgée de pratiquement tous ses paragraphes litigieux grâce à l’infatigable facilitateur russe, Youri Boychenko, la déclaration finale a pourtant été adoptée par acclamation et avec deux jours d’avance. Et, paradoxalement, comme le souligne le Sénégalais Sidiki Kaba, ancien président de la Fédération internationale des droits de l’homme, ce texte assez consensuel aura été boycotté… par ceux dont il porte la marque !

Cependant, et même si l’habileté de quelques diplomates rompus aux arcanes onusiennes a permis d’éviter le pire – une clôture des travaux sur un constat de désaccord –, la préparation de la conférence a illustré le fossé croissant entre les nouveaux blocs politico-culturels, ou, pour schématiser, entre l’Occident et le reste du monde. Israël, mais aussi le respect dû aux religions, ainsi que les questions liées à l’orientation sexuelle divisent plus que jamais. Dans ces conditions, était-il judicieux de convoquer pareille réunion ?

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