Iront, iront pas ?
À la présidentielle du 6 juin, le général Ould Abdelaziz ne sera pas seul en lice. Pour ce scrutin qu’une partie de la classe politique promet de boycotter, le jugeant taillé sur mesure pour lui, quatre cases devraient pouvoir être cochées sur les bulletins de vote : une pour chacun des candidats retenus par le Conseil constitutionnel, qui a publié leur liste provisoire le 23 avril, après avoir rejeté deux dossiers.
Les prétendants au fauteuil bancal de chef de l’État – cinq putschs depuis l’indépendance – ont dû remplir des conditions très strictes, récemment durcies par le Parlement : recueillir cent signatures de conseillers municipaux (au lieu de cinquante), dont celles de cinq maires, et verser une caution de 5 millions d’ouguiyas (14 700 euros), remboursable à ceux qui auront obtenu plus de 2 % des voix (au lieu de 1 %).
Ces contraintes n’ont certes pas découragé le général Ould Abdelaziz, maître du pays depuis qu’il a renversé Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le 6 août 2008. Il est le premier à avoir annoncé sa candidature, le 15 avril.
Ibrahima Sarr, le leader négro-mauritanien de l’Alliance pour la justice et la démocratie-Mouvement pour la rénovation (AJD-MR), qui avait remporté 7 % des voix à la présidentielle de 2007, lui a emboîté le pas. Une surprise, de la part de cet éternel détracteur des régimes militaires. « Je ne crois pas à la transparence du scrutin, reconnaît-il. Mais je suis dans une logique machiavélique : ce qui m’importe, c’est d’imposer mes idées en jouant un rôle d’arbitre au second tour. »
Plus confiant, Kane Hamidou Baba, vice-président de l’Assemblée nationale, se voit en challengeur d’« Aziz ». « S’il y a un second tour, ce sera avec moi », lance cet ancien étudiant de l’Institut d’études politiques de Bordeaux (France). Vice-président du Rassemblement des forces démocratiques (RFD) depuis sa fondation, en 1999, et compagnon de la première heure de son leader, Ahmed Ould Daddah, Kane Hamidou Baba a agi contre l’avis de son parti, qui l’a suspendu. Pour le RFD, il est la caution d’un scrutin inacceptable, un militaire étant candidat. « Ne croyant pas à la solution du boycott », l’intéressé, lui, affirme se présenter pour « débloquer la situation ».
Plus discret, le haratine (descendant d’esclaves) Sghair Ould M’Bareck, dernier Premier ministre de Maaouiya Ould Taya (renversé en août 2005) et actuel médiateur de la République, est aussi entré dans la course.
Mais les principaux adversaires du général Ould Abdelaziz restent les « antiputschistes » qui, de sit-in en manifestations, ne relâchent pas la pression.
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