Le plus petit parti du monde

Publié le 21 avril 2009 Lecture : 2 minutes.

Dans la vieille Europe démocratique, aux institutions solides, aux traditions parlementaires bien huilées, il existe un parti politique qui présente une caractéristique ahurissante : il se compose en tout et pour tout d’un membre. D’un seul et unique membre.

Vous avez bien lu. Non, on n’est pas dans une inaccessible vallée afghane, ni dans une oasis saharienne, ni sur la Lune : on est en Europe occidentale.

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Ce monsieur tient son congrès annuel dans sa maison de campagne, seul avec sa femme (qui n’est pas membre du parti) et son chat (idem). Il vote comme un seul homme pour un seul homme : lui-même. Cela fait des années qu’il se réélit, imperturbable. Quand on le presse de changer les règlements pour que d’autres puissent adhérer au parti, il hoche la tête, se convoque pour une réunion au sommet (dans sa salle de bains), se pose la question, pèse le pour et le contre, fume une cigarette sur le balcon, caresse le chat, puis décide à l’unanimité de ne rien changer. Son parti restera le seul au monde à n’avoir qu’un seul membre. Lui.

Arrivés à ce point de l’histoire, vous avez déjà haussé les épaules trois fois. Oui, bon, d’accord, il s’agit sans doute d’un de ces farfelus qui créent des partis pour la libération des nains de jardin ou la propagation des prévisions de Nostradamus ; tout cela se passe sans doute à Andorre ou à Saint-Marin ; c’est amusant mais ça n’a aucune importance…

Faux. Cela se passe aux Pays-Bas, qui furent historiquement le berceau de la démocratie, dès 1481 avec le Placaet van Verlating, bien avant le Bill of Rights des Anglais (1688) et la Révolution française (1789). Et le parti en question, le PVV, dispose d’une dizaine de députés au Parlement, dont aucun n’est membre du parti – et pour cause. Le chef et membre unique du PVV sera, selon certains sondages, le prochain premier ministre du pays. On le verra faire le baisemain à la reine Elizabeth ou bourrer les côtes de Sarkozy de coups de poing rigolards.

Comment en est-on arrivé à cette situation abracadabrantesque ? Membre du parti libéral VVD, notre homme en fut exclu il y a quelques années pour indiscipline. Tout en restant au Parlement, il fonda un autre parti et trouva l’astuce pour qu’on ne puisse jamais l’en exclure : n’accepter aucun membre… Ce qui ne l’empêche pas de se présenter aux élections. Le législateur n’ayant pas prévu ce cas bizarre, personne ne peut l’en empêcher. Et comme l’homme est habile et qu’il agite des thèmes populistes (à mort les bureaucrates, l’Union européenne et les immigrés !), ce sont des millions de citoyens qui votent pour lui. Et pour lui seul.

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Pourquoi ne parle-t-on jamais de cette ubuesquerie dans les journaux ? Parce qu’il n’est ni Africain ni Arabe ? Parce qu’il ne s’appelle pas Bongo ou Moubarak, mais Geert Wilders ?

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