Courrier des lecteurs

Publié le 21 avril 2009 Lecture : 5 minutes.

Le dogme du « tout-préservatif »

– En tant que Camerounais en séjour en Belgique, j’ai été très étonné de la polémique née en Europe autour des paroles de Benoît XVI en Afrique sur le VIH/Sida. Dans mon pays, la visite du pape n’a suscité qu’enthousiasme. Je me demande bien au nom de quoi certains Européens entendent imposer leur modèle de sexualité aux Africains, dans une espèce de néocolonialisme idéologique. Le pape ne dit rien d’autre que ce que disent beaucoup d’évêques africains et qui revient à la constatation d’un simple fait : les campagnes de prévention basées sur le seul « slogan publicitaire » du préservatif sont un échec, et cela depuis plus de vingt ans. En revanche, les campagnes, comme en Ouganda, au Burkina Faso et dans mon pays qui se basent sur le principe ABC (Abstinence–Be Faithfull–Condom) font leurs preuves. Faut-il, comme dans la chanson de Guy Béart, tuer le poète car il a dit la vérité ? Faut-il lyncher celui qui ne s’embarrasse pas du « politiquement correct » de l’Occident, de sa politique du « tout-préservatif » élevée au rang de dogme ?

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Evrard Marcel Nguidjoe, Bruxelles, Belgique

Kenitra : on en redemande !

– Après avoir lu ce dossier passionnant sur Kenitra (J.A. n° 2514) et le feedback sur le blog, je souhaiterais vraiment aller dans le sens de ceux qui en redemandent. Je vous confirme que, autour de moi, les jeunes intellectuels du Maroc entre 25 et 40 ans en redemandent à n’en plus finir. Ils ont soif qu’on leur raconte encore cette sorte d’épopée, discrète, certes, mais épopée quand même, de Kenitra. Qu’on leur parle encore de ces héros silencieux qui mènent aujourd’hui la vie de monsieur et madame Tout-le-monde. Sous d’autres cieux, ils auraient été officiellement portés aux nues, décorés, fêtés, que sais-je encore…

Toute une génération de jeunes Marocains ne savent pas ce qu’ils leur doivent et veulent en apprendre plus. Alors je ne sais pas sous quelle forme le sujet pourrait être développé dans J.A., mais il mérite de l’être, et des milliers de Marocains (et d’Africains) apprécieront. Merci !

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Selma Bouhaja, Casablanca, Maroc

Dangereuses paraboles

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– Après lecture de l’excellente enquête « Ceux qui font bouger l’islam » (J.A. n° 2508), j’aimerais faire le point sur la nécessité de réagir le plus vite possible aux velléités extrémistes et fanatiques des chaînes religieuses par satellite qui prolifèrent dans l’univers arabo-musulman. Il faut, par exemple, organiser plus de débats fructueux animés par des personnes libres, telles que Abdelmajid Charfi, qui ont choisi de militer pour une nouvelle interprétation du texte sacré en démontrant à l’aide d’outils d’analyse que l’islam peut et doit être compatible avec la modernité. Il faut aussi développer la formation continue des imams prédicateurs dans l’unique but de nationaliser leur discours religieux afin de protéger nos jeunes contre les courants idéologiques et destructeurs qui agissent sous couvert de la religio n. Car nous disons que nous n’avons de leçons à recevoir de personne en matière d’interprétation des textes religieux, et certains pays feraient mieux de préparer l’après-pétrole au lieu de diffuser leur douteuse idéologie…

Fathi Tounakti, Hammam Lif, Tunisie

« Ça, c’est une femme ! »

– Une constante dans Jeune Afrique, qui justifie ma fidélité à ce journal depuis sa création en 1960 : sa capacité, semaine après semaine, d’enrichir, de modeler notre vision d’un monde en perpétuelle évolution, nous offrant à la fois la possibilité de découvrir, dans chacune de ses livraisons, au moins un ou deux articles qui font réellement notre bonheur. C’est le cas de l’article intitulé « Graça, première dame d’Afrique » (J.A. n° 2512). À la fin de la lecture de ce portrait fignolé de Graça Machel, je me suis surpris en train de m’exclamer admiratif « ça, c’est une femme ! », et je suis heureux qu’elle soit heureuse avec Nelson Mandela, notre ami.

Yadji Sangaré, Montreuil, France

Vers un monde nouveau

– Est-ce que beaucoup de lecteurs se rendent compte que l’année 2009 sera une année de transition capitale dans l’histoire du monde au même titre que l’année 1453 ? Cette année-là fut la charnière entre le Moyen Âge et les Temps modernes. En 2009, nous devons, pour juguler la crise économique mondiale, faire deux révolutions fondamentales : la révolution géopolitique et financière (qui a commencé avec la réunion du G20, le 2 avril) et la révolution écologique (avec la conférence de l’ONU sur le changement climatique, du 7 au 18 décembre 2009 à Copenhague). Ces révolutions nous feront basculer progressivement vers un monde nouveau qui ne sera plus dominé par l’Occident, mais multipolaire ; il fonctionnera suivant un nouveau système économique fondé sur le développement durable, des technologies propres et les énergies renouvelables. Ce nouveau monde sera donc moins matérialiste, moins consumériste, plus écologique et sans doute plus spirituel, car plus solidaire.

En tant que superpuissance, les États-Unis auront un rôle clé à jouer durant cette année de transition. Coïncidence troublante, quand le président Franklin Roosevelt voulut obtenir en 1933, à Londres, la coopération internationale pour juguler la Grande Dépression, il échoua. Et ce fut ensuite la Seconde Guerre mondiale qui, par l’effort de guerre, puis par la reconstruction, permit de sortir de la Dépression. Espérerons qu’Obama réussisse là où Roosevelt échoua ! Mais l’Afrique n’aura pleinement sa place dans un monde multipolaire qu’à la condition que ses pays s’unissent dans de grands ensembles sous-régionaux, seuls capables d’être des acteurs planétaires influents.

François d’Adesky, ancien représentant de l’ONUDI (Madagascar, Sénégal, U.E.), Bruxelles, Belgique

Racisme africain

– L’Algérie organise en juillet la seconde édition du célébrissime Festival panafricain, dont la première édition remonte à 1969 ! Quarante ans après, on tente de se donner bonne conscience en prônant le slogan de la fraternité entre les pays africains. Mais selon ma vision des choses, mon pays devrait d’abord régler ses problèmes de racisme chronique, pour qu’enfin nos amis congolais, sénégalais, etc., puissent flâner dans les rues sans qu’on les agresse verbalement ou physiquement. Être noir n’est ni une tare ni une maladie ! Algériens, secouez-vous !

Faten Fatinou, par courriel

CPI ambiguë

– Le fonctionnement de la cour pénale internationale (CPI) commence à susciter un malaise grandissant. D’abord, l’universalité de la CPI reste à prouver. Plutôt que de se concentrer sur l’Afrique comme on le constate aujourd’hui, on aimerait que la justice internationale s’intéresse également aux crimes commis sous d’autres cieux, notamment en Palestine, en Amérique latine, à Guantánamo, en Irak. Est-il concevable que George W. Bush ne soit pas inquiété par la CPI ?

Autre curiosité : le Traité de Rome instituant la CPI confère au Conseil de sécurité de l’ONU un rôle prépondérant sur les décisions de la cour, notamment le pouvoir de suspendre les poursuites judiciaires. Or, trois des cinq membres de cette instance onusienne, en l’occurrence les États-Unis, la Russie et la Chine, ne reconnaissent pas la juridiction internationale. Cette situation paradoxale rend incongrue la saisine ou l’auto-saisine du Conseil de sécurité, en l’état actuel des choses.

Motombi Koli, Longjumeau, France

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