Exposition : l’identité créole en question
Jusqu’au 5 juillet, la Grande Halle de la Villette, à Paris, réunit soixante artistes originaires des Caraïbes et de l’océan Indien. Des créateurs qui s’interrogent sur leurs origines.
Publié le 21 avril 2009 Lecture : 1 minute.
Cinq pirogues de bois montées sur des roues de fer, sculptées par le Dominicain Marcos Lora Read, pour symboliser la traversée des mers par des millions d’Africains réduits en esclavage. Un bibendum noir taillé dans du polystyrène par Bruno Peinado, un métis de mère martiniquaise et de père pied-noir marocain, levant haut le poing et arborant une coupe afro, suggérant que « Black is beautiful ». Ou encore quarante poupées bicolores du Guadeloupéen Philippe Thomarel, illustrant, cinquante ans après, Peau noire, masques blancs de Frantz Fanon.
Pendant deux mois, Kreyol Factory présente, jusqu’au 5 juillet, à la Grande Halle de la Villette (Paris), une cartographie artistique des mondes créoles, écartelés entre océan Indien et océan Atlantique. Une exposition événement voulue par le directeur du Parc de la Villette, Jacques Martial (l’inspecteur Bain-Marie dans la série policière Navarro). L’acteur guadeloupéen désirait faire découvrir au grand public une création créole peu présente dans les musées français. Le pari est réussi. Sur plus de 2 800 m2, 80 œuvres et 250 photographies de 60 artistes répondent aux textes des Chamoiseau, Césaire, Maximin, Confiant, Pineau, Condé. Et interrogent « les identités créoles ».
Le parcours de l’exposition est divisé en sept séquences. Les premières (Traversées, Le trouble des genres, L’Afrique « communauté imaginée », « Noir comment ? ») questionnent le rapport à l’Afrique, perçue comme identité sous-jacente et commune des « diasporas noires ». Les dernières thématiques retracent le foisonnement de cultures hétéroclites à l’œuvre dans ces régions (Des îles sous influences, Les nouveaux mondes, Chez soi – de loin), mais proposent parfois un mélange de singularités artistiques qui ont du mal à cohabiter, au risque de dérouter et d’étonner quelque peu le visiteur. Mais l’étonnement, écrivait Platon, est source de savoir et de lumière…
